La situation humanitaire des déplacés suite aux affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le mouvement du M23 est alarmante. Ceux qui ont fui les combats de Kibumba dans le territoire de Nyiragongo sont cantonnés, les uns, dans des écoles et églises dans les groupements Buvira, Munigi et Muja alors que les autres ont rejoint la ville de Goma où ils vivent dans des familles d'accueil.
Le président de la société civile du territoire de Nyiragongo, Mambo Kawaya, qui alerte précise que ceux-ci s'ajoutent aux sinistrés de l’éruption volcanique de l'année passée dont la prise en charge pose encore problème dans certains sites de cantonnement.
« La situation que traverse cette population reste médiocre. Vous savez que le territoire n'a ni cours d'eau, n'a ni lac, n'a ni source d'eau. Donc, il y a nécessité que le gouvernement puisse en toute urgence ravitailler cette population en eau mais aussi en nourriture. À Nyiragongo, il n'y a pas assez de champs qui puissent servir toute cette population en nourriture. La lave volcanique a presque tout endommagé l'année passée et actuellement, il y a une situation terrible. C'est pourquoi, en tant que société civile, nous crions auprès du gouvernement de venir en aide à cette population avant que nous puissions vivre des situations de maladie tel que le choléra et consorts », alerte Mambo Kawaya, président de la société civile de Nyiragongo.
Et d’ajouter :
« Sur le plan sanitaire, il y aussi nécessité de vite agir. À ces sinistrés du volcan, il vient s'ajouter les déplacés de guerre et cela nécessite un meilleur encadrement. Mercredi, il y a l'un des déplacés qui s'est suicidé au village Ngangi suite à la colère. Ce déplacé n'a pas su supporter la souffrance qu'il traverse depuis avant-hier et cette souffrance qui lui a été imposée par le M23 ».
Dans le territoire de Rutshuru, les déplacés sont victimes de plusieurs exactions conduisant jusqu’à la mort.
« Deux femmes ont été tuées hier jeudi vers Rumangabo. L'une a été tuée en pleine cité de Kabaya, chef-lieu du groupement de Kisigari. Elle voulait rejoindre aussi les autres déplacés qui étaient déjà vers le monument sur la route (RN2) pour faire route ensemble. L'autre a été tuée à Kanombe par les rebelles », témoigne Manouveau Nguka, coordonnateur de Badilika Asbl, une organisation membre de la société civile de Rutshuru.
La veille, mercredi, un autre jeune, taxi moto de son état, a également été tué par balle dans la zone contrôlée par l'ennemi à Rumangabo.
« Il y a un jeune qui a perdu sa vie à Rumangabo. Il s'agit d'un motard qui voulait rejoindre sa famille qui était en route vers Katale mais malheureusement celui-ci, en arrivant dans le camp de Rumangabo, il a été touché par balle et en est décédé. La situation reste donc compliquée dans cette partie. Il y a une école appartenant à l'église CBCE de Katale qui a été touchée par un obus. Les déplacés sont nombreux à Rutshuru centre, d'autres ont atteint Kiwanja. Il y a des enfants qui se sont séparés de leurs parents. Il y a des femmes enceintes et des personnes de troisième âge qui ont pris aussi le risque de fuir pendant la nuit », a ajouté Manouveau Nguka.
Mercredi, le ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a affirmé que le gouvernement s’attèle à assister les déplacés en détresse.
« Nous avons analysé la question au plan humanitaire. Parce que vous savez qu'il y a des populations qui ont été déplacées de part et d'autre d'ailleurs, que ce soit du côté de Kibumba ou du côté de Rutshuru. Il y a besoin d'un appui humanitaire. Le gouvernement s'y attèle. Les états des lieux se font sur le terrain. A partir des rapports qui seront faits, le gouvernement pourra agir dans les prochains jours pour apporter de l'appui à nos compatriotes », a rassuré Patrick Muyaya, à l’issue d'une réunion sécuritaire de crise présidée par le premier ministre Sama Lulonde, à l'intention de certains membres du gouvernement et des responsables des services de défense et de sécurité concernés par la question.
L’armée a confirmé, mercredi dernier, l'attaque de ses positions aussi bien dans le territoire de Nyiragongo que dans celui de Rutshuru. Dans une communication faite à la presse, le porte-parole du Gouverneur militaire, le lieutenant général Constant Ndima, a affirmé que plus de 20 obus et bombes ont été tirés de l'est vers l'ouest de l'axe routier Goma Rutshuru ont explosé mardi et mercredi sur le territoire congolais a Katale, non loin de la poste d'aviation de l'institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), à Rumangabo et dans les environs. Le général Sylvain Ekenge a affirmé que des effets militaires non utilisés, ni par l'armée, ni par les M23 ont été récupérés sur le champ des combats.
Jonathan Kombi, à Goma