Les députés nationaux du Nord-Kivu se sont exprimés sur les combats entre les forces armées de la RDC et les rebelles du M23. Ils dénoncent ces actions qui mettent en péril l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale ainsi que la paix et la sécurité internationale dans la région.
« Face à la gravité de la situation, demandons au gouvernement de la République de saisir urgemment le conseil de sécurité des Nations Unies, le conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine ainsi que les différents mécanismes sous régionaux aux fins de trouver des solutions qui s'imposent et de déclarer le M23 comme groupe terroriste à l'instar des ADF. Nous réitérons notre soutien indéfectible aux FARDC et invitons tout le peuple congolais à se mobiliser derrière elles comme un seul homme pour bouter l'ennemi hors du territoire national », ont-ils déclaré ce jeudi 24 mai à Kinshasa.
Ils déplorent le fait que pendant que les regards et efforts étaient tournés vers les drames de Beni du fait des ADF et dans l'ituri du fait de CODECO et autres groupes armés, le M23, soutenu par l'armée rwandaise, refait la guerre contre la RDC depuis le mois de mars 2022.
« Des affrontements avec nos forces de sécurité et de défense ont fait plusieurs morts et des déplacements désordonnés des populations dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo. Une situation humanitaire dramatique de plus pour une population meurtrie depuis plusieurs décennies. Actuellement, la ville de Goma et ses environs sont en détresse du fait de l'attaque du camp militaire de Rumangabo et du blocage de la route Goma-Rutshuru à partir de Kibumba dans le territoire de Nyiragongo par les assaillants du M23 venus par la frontière rwandaise. Cette situation aux conséquences socio-économiques incalculables vient aussi d'empêcher les élèves finalistes de certaines écoles du secondaire de passer leurs épreuves de dissertation dans le cadre des examens d'Etat 2022 », ont-ils déploré.
Contexte
L'armée congolaise et les rebelles du M23 se sont de nouveau accrochés ces derniers jours sur plusieurs fronts dans la province orientale du Nord-Kivu, provoquant des déplacements continus de populations. Comme la veille et après un calme relatif durant la nuit, des combats ont eu lieu vers Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo, à une vingtaine de km au nord de Goma. Ils ont entraîné la coupure de la route nationale 4, vitale pour l'approvisionnement de la ville d'environ un million d'habitants, chef-lieu de la province, ont indiqué des sources locales, administratives et militaires.
Dans le même temps, selon ces sources, des accrochages se sont produits un peu plus au nord, en territoire de Rutshuru, sur deux axes vers Bunagana, à la frontière ougandaise, et Rumangabo, base militaire où se trouve le quartier général du parc des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
Depuis la reprise le 22 mai des combats avec le M23, environ 26.000 personnes se sont enfuies de leurs villages, trouvant refuge dans des localités voisines ou en Ouganda, où des milliers d'autres s'étaient mises à l'abri en mars lors de précédents affrontements, a indiqué dans un communiqué le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Ces affrontements se déroulent sur fond de tensions renouvelées entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Kigali a accusé lundi l'armée congolaise d'avoir tiré des roquettes vers le Rwanda, blessant plusieurs civils, tandis que le Rwanda, qui dément, est accusé par des militaires congolais de soutenir la rébellion du M23. Ancienne rébellion tutsi vaincue en 2013 par les forces armées de RDC, le M23 « mouvement du 23 mars », a repris les hostilités en fin d'année dernière, en reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Berith Yakitenge