RDC : « les actions de rue ne suffisaient plus...» Gloria Sengha à propos de son adhésion au LGD 

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

En prélude du quatrième processus électoral, femmes et hommes affûtent leurs armes. Parmi eux, Gloria Sengha Panda Shala, une ex-militante de la LUCHA et désormais ex-cheffe du mouvement VICI. Qu’est-ce qui motive son adhésion au LGD ? Quelles sont ses ambitions politiques ? Réponses dans cet entretien accordé au desk femme d'Actualité.cd

Bonjour Madame Gloria Sengha et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ? 

Gloria Sengha : Je suis actuellement consultante dans plusieurs ONG internationales, fondatrice du mouvement pro-démocratie Vigilance Citoyenne (abrégé en “VICI”). Actuellement, je lance ma carrière politique. 

Je suis née le 20 avril 1993 à Barumbu, une commune de Kinshasa. Je me suis engagée dans le militantisme après l'élection présidentielle de 2011, la même année où j’ai intégré la faculté de Droit pénal et sciences criminelles de l’Université de Kinshasa, j’ai également créé une structure dénommée Association des jeunes pour la démocratie au Congo. Dans la lutte citoyenne, particulièrement les manifestations de janvier 2015 et pendant la crise politique de 2016, j’ai initié plusieurs campagnes. En 2016, pendant que les politiciens congolais étaient en plein dialogue, j’ai été enlevée et détenue pendant plus d’une semaine dans les locaux de l’agence nationale de renseignements (ANR) avec d’autres partisans de la Lucha pour avoir lancé la campagne « Bye Bye Kabila ».

En 2018, avec seize autres militants de VICI (Vigilance citoyenne), j’ai été arrêtée pour avoir lancé la campagne « congolais koteka bomoto nayo te pona nzala ». J’ai été détenue six jours au parquet de grande instance de Kalamu avant une détention préventive de onze jours au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (la prison centrale de Makala), puis libérée sous régime de liberté provisoire. Durant mon cursus académique à l’Université de Kinshasa (UNIKIN), j’ai aussi été membre de la Jeunesse consciente (structure des Jeunes qui militent pour l'éveil de conscience des Kinois) , avant de rejoindre le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), créé depuis 2012 à Goma dans le Nord-Kivu. J’ai obtenu ma licence universitaire en 2016. L’année suivante, j’ai commencé ma carrière d’avocate au barreau de Kongo Central. 

Vous avez récemment annoncé la fin de votre engagement citoyen dans le mouvement Vigilance citoyenne (VICI) dont vous êtes fondatrice. Qu'est-ce qui a motivé ce départ ? Que va devenir votre mouvement ?

Gloria Sengha : je m’étais dit qu’il était temps de passer à une autre étape de l’engagement. Les actions de rue ne suffisaient plus, il faut entrer là où se prennent les décisions pour tenter d’influencer et apporter un réel changement. Le mouvement sera géré par un coordinateur qui s'appelle Divin Nshole. J’ai décidé de passer la main à une nouvelle génération. Afin de continuer le combat. Je reste cependant une militante dans l’âme.

Le 03 mai, vous avez adhéré au parti politique Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), créé par l'ancien premier ministre Matata Ponyo. Qu'est-ce qui vous a séduit dans le programme qu'il propose?

Gloria Sengha : ce qui m’a séduit dans le programme du LGD, c’est le fait que le parti met l’accent sur 4 choses dans sa vision.  La démocratie, l’économie sociale du marché, la justice et la solidarité. En ce qui concerne la justice par exemple, le LGD s'engage à appliquer strictement les lois sur l'éthique et à améliorer la transparence dans l'ensemble de l'appareil judiciaire congolais afin de rétablir et de garantir la confiance avec les citoyens, mais aussi de protéger les travailleurs, les journalistes, et les lanceurs d'alerte des représailles politiques. La justice est rendue « au nom du peuple congolais ». Mais trop souvent, les services assignés à administrer la justice ne peuvent assumer cette lourde tâche de manière professionnelle et ergonomique. Les tribunaux sont en état de décadence. Les moyens humains, matériels et financiers manquent pour assurer une administration efficace de la justice.

Quel est le programme du parti de M. Matata Ponyo ? Les grandes innovations?

Gloria Sengha : le LGD prône l’égalité femmes-hommes au sein de la société. Le LGD croit que la réinvention du leadership congolais exige que nous placions les valeurs démocratiques au cœur de chacune de nos actions politiques, avec des stratégies et des outils adaptés à chacune des circonstances. Le LGD s'engage à faire de l'égalité des sexes une priorité essentielle de sa politique et s'efforcera d'atteindre la parité hommes-femmes au sein de nos institutions. Le LGD s'engage à faire progresser la capacité de toutes les personnes à vivre dans la dignité, la sécurité et le respect. Le LGD s'engage à favoriser la contribution sociale, civique, économique et professionnelle des femmes au développement de la RDC, ainsi qu'à promouvoir les droits des femmes et l’égalité effective entre les femmes et les hommes. Le LGD s'engage également à favoriser l'atteinte effective de cette égalité, notamment par l'élimination de la discrimination systémique envers les femmes, et à soutenir le développement et la cohérence des actions gouvernementales en faveur de la parité. Le LGD estime que l'amélioration des normes du travail dans la société protège les droits de l'homme et favorise une prospérité généralisée. Nous pensons que les travailleurs congolais ne doivent pas être sapés par la concurrence étrangère qui repose sur l'abus des travailleurs, et nous soutiendrons les droits des personnes à mobilité réduite au travail.

De nombreux jeunes sortent des facultés, ils sont bardés de diplômes sans aucune perspective professionnelle. Que prévoit votre parti pour lutter contre le chômage des jeunes ? 

Gloria Sengha : le LGD veut d’une jeunesse disposant des moyens de son autonomie et œuvrant au service de l’intérêt général. Il entend bâtir une jeunesse au service de l’intérêt général et lui donner les moyens de son autonomie. Le LGD s'engage à travailler pour assurer un avenir meilleur aux jeunes générations. Les démocrates veilleront à ce que nos actions politiques, ainsi que celles de nos partenaires et institutions de développement, contribuent à accroître les opportunités économiques et à développer l'éducation en faveur des jeunes du monde entier. Le LGD s'engage à accorder une attention particulière à la protection des droits des jeunes et à la formation des jeunes leaders issus de communautés vulnérables ou sous-représentées.

Combien de jeunes le parti prévoit-il d'aligner lors des prochaines élections?

Gloria Sengha : jusque-là rien n’est encore discuté dans ce sens mais je pense que le parti met beaucoup d’accent sur la participation des jeunes. 

Le LGD est le premier parti à vous accueillir dans votre carrière politique. Quelles sont vos attentes auprès de ce parti ? 

Gloria Sengha : en termes d’attentes, j’ai accepté la vision et les idéologies du LGD. Un parti politique a pour objectifs de conquérir le pouvoir, l’exercer et le conserver le plus longtemps possible. Au-delà de vouloir conquérir le pouvoir, le LGD a aussi dans sa stratégie, la formation de ses partisans.  Je voudrais que le parti s’active davantage afin d’imprégner sa vision auprès de tous ceux qui adhèrent. Et que le LGD soit également en mesure de présenter au peuple congolais des hommes politiques qui ont réellement l’amour du Congo et qui démontrent cela par des actions concrètes. 

Comptez-vous postuler en 2023 ? 

Gloria Sengha : je voudrais préciser tout d’abord, que je n’entre pas en politique uniquement pour postuler. J’y suis pour apprendre, pour devenir une véritable actrice politique. Le chemin pour la conquête du pouvoir nécessite une certaine détermination. Et comme en 2023 la RDC va organiser des nouvelles échéances électorales, je compte également postuler dans la circonscription de la Lukunga à Kinshasa.

Propos recueillis par Prisca Lokale