Les forces armées de la RDC, à travers le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, ont annoncé avoir saisi le mécanisme conjoint de vérification élargi de la conférence internationale pour la région de grands lacs pour les investigations sur l'origine de plusieurs armes et effets militaires non utilisés ni par les FARDC, ni par les terroristes du M23 découverts lors des récents affrontements près de Goma.
En réaction à cette option levée par l'armée congolaise, le député national Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa se montre pessimiste d'autant plus que la CIRGL composée essentiellement de plusieurs pays de la région n'a jamais eu le courage de condamner le vrai agresseur de la RDC. L'élu de Goma déplore le silence du gouvernement qui n'arrive pas toujours à pointer du doigt le pays à la base de l'instabilité de la partie est de la RDC.
« Pour moi, l'option a déjà montré ses limites. Nous savons que ce mécanisme n'a jamais eu le courage de dénoncer l'agression de notre pays par le Rwanda. Depuis que le M23 multiplie ces attaques même lorsque le rapport des Nations-Unies en 2012 avait démontré clairement l'appui du Rwanda, la CIRGL n'avait pas été capable de condamner le Rwanda au contraire ce que je dénonce, c'est ce silence complice du gouvernement. J'aurai voulu entendre de la part de notre gouvernement que l'on dise clairement que notre pays est agressé et cette prise de position aura comme effet de mobiliser toutes les couches de la population congolaise afin de barrer la route à cette agression. Cette déclaration en pointant du doigt l'agresseur aurait comme avantage que toute la diplomatie, les ambassades, tous les pays amis de la RDC nous viendraient en appui et le pays qui continue à soutenir l'agresseur aurait la peine de réfléchir par deux fois au besoin aller jusqu'à rompre leur coopération au Rwanda en guise de soutien à notre pays et l'armée congolaise aurait bénéficié d'un soutien politique et d'un soutien diplomatique du fait d'une dénonciation claire qui viendrait de la part du gouvernement. Malheureusement notre gouvernement qui est incapable de pointer du doigt le Rwanda on ne sait pas pour quelle raison », a-t-il fait savoir au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD.
Ce cadre de l'Ecide de Martin Fayulu s'est réservé à l'idée de la déclaration de guerre comme suggéré par certains élus du Nord-Kivu.
« On peut ou ne pas déclarer officiellement la guerre mais le gouvernement devrait prendre le courage de dire la vérité au peuple congolais et dire sur base des éléments présentés par notre armée, sur base de tous les témoignages recueillis à la frontière avec le Rwanda de Kibumba jusqu'à Bunagana, en passant par Rumangabo, tous les témoignages sont concordants pour dire que le Rwanda attaque la nuit, les éléments se cachent la journée et on laisse circuler quelques éléments du M23 pour ne pas être identifiés. Si notre gouvernement prenait le courage de pointer du doigt le pays agresseur et bien au niveau de la mobilisation nationale, cela aurait un impact et notre armée aurait un soutien mais cela aurait aussi des répercussions diplomatiques avant même notre gouvernement n'ait à déclarer », a ajouté Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa.
L'armée congolaise et les rebelles du M23 se sont de nouveau accrochés ces derniers jours sur plusieurs fronts dans la province orientale du Nord-Kivu, provoquant des déplacements continus de populations. Comme la veille et après un calme relatif durant la nuit, des combats ont eu lieu vers Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo, à une vingtaine de km au nord de Goma. Ils ont entraîné la coupure de la route nationale 4, vitale pour l'approvisionnement de la ville d'environ un million d'habitants, chef-lieu de la province, ont indiqué des sources locales, administratives et militaires.
Dans le même temps, selon ces sources, des accrochages se sont produits un peu plus au nord, en territoire de Rutshuru, sur deux axes vers Bunagana, à la frontière ougandaise, et Rumangabo, base militaire où se trouve le quartier général du parc des Virunga, célèbre pour ses gorilles de montagne.
Depuis la reprise le 22 mai des combats avec le M23, environ 26.000 personnes se sont enfuies de leurs villages, trouvant refuge dans des localités voisines ou en Ouganda, où des milliers d'autres s'étaient mises à l'abri en mars lors de précédents affrontements, a indiqué dans un communiqué le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Ces affrontements se déroulent sur fond de tensions renouvelées entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Kigali a accusé lundi l'armée congolaise d'avoir tiré des roquettes vers le Rwanda, blessant plusieurs civils, tandis que le Rwanda, qui dément, est accusé par des militaires congolais de soutenir la rébellion du M23. Ancienne rébellion tutsi vaincue en 2013 par les forces armées de RDC, le M23 « mouvement du 23 mars », a repris les hostilités en fin d'année dernière, en reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Clément MUAMBA