RDC : 21 mois après la décision de Félix Tshisekedi, les ports "illégaux et clandestins" continuent de fonctionner à Kinshasa et au Kongo Central

1
ITB Kokolo, photo d'illustration. Droits tiers.

On compte à ce jour près de 2 ans depuis que le Chef de l'Etat congolais Félix Tshisekedi avait instruit le gouvernement en 2020 de procéder à la fermeture des ports "illégaux et clandestins" qui font obstacle au bon fonctionnement de la Société Commerciale des Transports et des Ports (SCTP), l'ex-Onatra. Ces ports continuent de fonctionner en toute quiétude à Kinshasa et au Kongo Central.

Mémoire, au cours du Conseil des ministres tenu le 28 août 2020, à l'époque du gouvernement Ilunkamba, Félix Tshisekedi avait attiré l'attention du gouvernement sur la réglementation en vigueur en RDC qui encadre strictement l’activité des ports du fait que ceux-ci sont traditionnellement considérés comme des « ports services », où l'autorité portuaire s'occupe de tous les services opérationnels du port. Il avait relevé qu’en violation de cette réglementation, de nombreux ports privés sont créés en toute illégalité et fonctionnent en marge de la légalité et des principes régissant le domaine public de l’Etat.

De ce fait, dans sa communication au cours de la 52ème réunion du Conseil des ministres, il était revenu sur sa décision de fermeture immédiate de ces ports. Malgré tout, jusque-là, ces ports continuent de fonctionner.

Le Front Commun pour le Congo (FCC, de Joseph Kabila) était accusé d'être le principal obstacle à la décision de Félix Tshisekedi. Après l'avènement de l'Union Sacrée, qui a coupé l'herbe sous le pied du FCC, la non application de la décision de Félix Tshisekedi ne s'explique plus. 

"Le ministre FCC bloque la décision du Chef de l'Etat. Nous espérons qu'après la déchéance de Mabunda et le départ des ministres FCC du gouvernement, cette décision sera mise en application. Le président de la République doit mettre en place un nouveau gouvernement qui va permettre la fermeture de ces ports clandestins et illégaux. L'obstacle, c'est le FCC. Je pense que le président ne reculera jamais sur sa décision", disait Armand Osasse, président de la l'intersyndicale de la SCTP. 

Par ailleurs, à peine nommé, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge avait annoncé qu'il mettra en exécution la décision de fermeture de tous les ports privés "illégaux" pour réhabiliter et moderniser les ports de Matadi et de Boma. C'était lors de son discours programme devant la représentation nationale le lundi 26 avril 2021. Rien de concret jusque-là.

« Les ports de Boma et de Matadi seront réhabilités et modernisés. Le gouvernement mettra en exécution la décision de fermeture de tous les ports privés illégaux », avait déclaré Sama Lukonde Kyenge à l'Assemblée nationale.

En outre, le Conseil des ministres du vendredi 24 septembre 2021 qui s'était déroulé via visioconférence sous l'autorité du premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, était revenu sur l'option de la fermeture des ports privés et clandestins qui souffre encore d'application. Au cours de ce Conseil, la Commission interministérielle chargée d'étudier techniquement cette problématique avait présenté une liste non exhaustive des ports illégaux et clandestins. Celle-ci a été élaborée au cas par cas et par aire portuaire d’exploitation des biefs inférieurs et supérieurs. Une série de recommandations a été aussi formulée pour décanter cette situation et parvenir à la restauration de l’autorité de l’État. Sauf que les sanctions ne sont pas tombées jusque-là. Ces ports continuent de fonctionner 21 mois après. 

Notons que ces ports illégaux et clandestins sont à la base de la baisse du chiffre d'affaires de la Société Congolaise des Transports et des Ports (SCTP), ex-ONATRA, depuis plusieurs années. Ce qui ne permet pas à la direction de cette société qui compte plus de 15 000 personnel actifs comme retraités, de mieux payer ses travailleurs. Cette société, qui détient le monopole des ports, est victime des déviations des navires vers les ports privés, qui ont été qualifiés de « clandestins et illégaux » par le Conseil des ministres.

Jordan MAYENIKINI