Le débat autour de la réforme de la loi électorale s'est poursuivi vendredi 22 avril 2022 à l’Assemblée nationale. Les élus examinent la proposition de loi du groupe de 13 personnalités politiques et de la société civile.
Elle propose plusieurs innovations en vue de garantir la transparence aux élections. C’est notamment l'interdiction de distribuer de l'argent et des biens de valeur aux électeurs pendant la campagne électorale ; l’interdiction de cumul des candidatures, de porter comme suppléants un membre de sa famille ainsi que l’abandon de la proportionnelle et l’adoption du scrutin majoritaire simple ; le remplacement du seuil électoral par une condition de recevabilité des listes au prorata des (60%) de sièges en compétition.
Si dans l'opinion certaines innovations sont saluées en vue de moraliser la vie politique en République Démocratique du Congo, à l'Assemblée nationale elles sont rejetées. Pour le député national Alphonse Ngoyi Kasanji, l'interdiction des membres de la famille comme suppléant est discriminatoire en violation de l'article 13 de la constitution.
"Tout en saluant la pertinence du travail fait nous avons souhaité à ce qu'on veuille que certaines dispositions n'enervent pas les dispositions constitutionnelles. Dans cette proposition de loi, il y a certaines dispositions qui portent atteintes à la liberté des citoyens aux scrutins secrets de vote et à la liberté du choix mais aussi au choix des suppléants donc des mesures discriminatoires que la constitution interdit", a déclaré l'élu de Mbuji-Mayi dans la province du Kasaï Oriental.
Et d'ajouter :
"Les collègues ont dit qu'on ne peut pas aligner les suppléants qui sont membres des familles jusqu'au 2e degré et ainsi de suite mais si vous interdisez aux membres de famille d'être suppléants mais pourquoi ils sont alors candidats ? S'ils sont candidats, ils doivent être aussi des suppléants. La constitution dit dans l'article 13 qu'on ne peut pas discriminer quelqu'un en raison de son appartenance familiale, même une loi la constitution dit une loi ne peut pas Interdire quelqu'un, le discriminer en raison de son appartenance familiale, religieuse etc"
Cet élu s'oppose encore à l'innovation sur l'interdiction des cadeaux des biens pendant la campagne électorale. Il justifie sa position par des coutumes d'origines.
"La problématique de la corruption pendant la campagne électorale dire qu'on ne peut pas donner quoi que ce soit, vous ne pouvez même pas être autour d'une damejane (Vin) pour partager du vin et ainsi de suite mais non nous avons les coutumes chez nous où pour accéder au pouvoir coutumier vous devez prouver que vous avez donné. Est-ce que le fait de donner est une corruption ? Il y a même un clan qui doit attester qu'il a droit d'accéder au pouvoir parce qu'il a donné, quand vous donnez, il doit y avoir des témoins qui attestent que oui il a donné, il a droit d'accéder au pouvoir. Ce sont nos habitudes", a déploré une fois de plus l'ancien gouverneur.
Les élus du FCC et de Lamuka n'ont pas pris part au débat général. Ils continuent d'exiger le dialogue en dehors des institutions en vue de dégager un consensus autour du processus électoral en cours.