Kasaï Oriental: le phénomène des sextapes inquiète de plus en plus

Photo/ Actualité.cd
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Cela va faire un moment que des sextapes mettant en scène des jeunes écolières circulent sur les réseaux sociaux. Si avant elles apparaissaient à visage couvert, actuellement elles le font à visage découvert. Le phénomène prend de l'ampleur et devient préoccupant.

Pour le professeur Valéry Kabiena Kuluila de l'université officielle de MbujiMayi,c'est un phénomène social lié au choc des cultures et à la modernité.

L'enseignant insiste sur le fait qu'en voulant faire comme les autres, ce phénomène s'accompagne inéluctablement de la dépravation des mœurs.

Il est à noter que ces vidéos circulent librement dans les téléphones des jeunes, ce qui fait dire au professeur  Kuluila que l'interdit a le pouvoir d'attirer. Le fait que les parents ont fait de la question sexuelle un tabou, les jeunes se sentent libérés du pouvoir de la coutume et de la culture en tchatant sur leurs téléphones.

"Sans être sous le contrôle des parents, les jeunes sont branchés au monde et finissent par découvrir ce qui était tabou" souligne l'enseignant.

Pour Chapel Kabangu, acteur au sein de la société civile, les victimes sont souvent les jeunes filles, et ce, pour plusieurs raisons. "Ces vidéos polluent nos milieux et les victimes tombent dans le piège de la technologie, " s'offusque-t-il.

Quid du contrôle parental?

De son côté, Rosette, une  jeune fille qui vient de quitter l'université, explique que ces vidéos sont déplorables parce que c'est l'image de la femme qui est écornée.

"Les jeunes garçons n'ont plus de difficultés à déshabiller une fille. La nudité des femmes n'est plus cachée vu qu'ils peuvent y avoir accès à tout moment sur leurs téléphones," révèle Rosette.

Francine Kapinga a des filles qui possèdent des téléphones Android. Pour elle,ce phénomène est dû à la négligence des parents, c'est la raison pour laquelle elle contrôle régulièrement les téléphones de ses enfants.

Quelles solutions pour lutter contre ce fléau?

Si le phénomène est réel, les propositions de solutions quant à elles, diffèrent selon les interlocuteurs.

Le professeur Kuluila propose que la culture soit préservée.

"Chacun de nous devra préserver sa culture et ne pas imiter celle de l'autre. Les parents doivent bien éduquer les enfants " assène-t-il.

Rosette partage l'avis du professeur Kuluila, pour elle, tout passera par l'éducation sexuelle. "Les parents doivent briser le tabou et parler clairement de la sexualité à leurs enfants sans langue de bois," insiste la jeune femme.

Et en parlant des parents, Francine Kapinga ne s'avoue pas vaincue. "Nous devons faire de nos enfants nos amis, de cette façon nous parlerons de tout".

À cette proposition, Chapelle Kabangu ajoute la sensibilisation pour briser les stéréotypes, ensuite, il insiste sur le dialogue avec les jeunes filles qui sont les potentielles victimes, et enfin, la dénonciation et la sanction des récidivistes.

"Nous avons le représentant de Facebook et Google ici, il y'a lieu de bloquer ceux qui diffusent ces vidéos ou les géolocaliser pour les arrêtés car il en va de l'intérêt de nos filles" a t-il conclu.

 

Marie Jeanne Molly Mupela à MbujiMayi