Alors que la tenue des élections de mi-mandat américaines «midterme» arrive à grand-pas, sur place aux États-Unis les armes s’affûtent pour contrer dans la manière du possible la désinformation, fléau qui connait souvent une ampleur considérable en marge de ce type d’événement.
Comment venir à bout des rumeurs, issues souvent de la désinformation, pendant la période électorale aux États-Unis ? Deux « fact-checkers », (spécialistes en vérification des faits), parlent des méthodes qu’ils utilisent à l’approche et pendant les élections telles que celles de mi-mandat qui sont censées se tenir dans sept mois.
« Nous nous concentrons sur le vote où il semble probable qu'il y ait un changement de titulaire ou de nouveau challenger. C’est-à-dire que nous faisons donc un focus sur le vote où nous ne savons pas qui sera le vainqueur », explique Angie Drobnic Holan, rédacteur en chef de PolitiFact, plateforme de vérification sur la véracité des promesses et engagements pris par les politiques américains lors des campagnes électorales.
Contrairement à ce qu’on appelle les « safe seat », c’est-à-dire les circonscriptions électorales où il y a très peu de chance qu’il y ait alternance à cause de l’influence politique des candidats sortants, les « marginal seat », ou les circonscriptions avec une forte probabilité d’alternance, demeurent les cibles prioritaires des fact-checkers. La concurrence y est tellement rude que les candidats multiplient des déclarations parfois contraires à la vérité dans le but de mettre les chances de leur côté.
« Nous nous y mettons à vérifier une grande partie de messages que les candidats font passer pendant des campagnes. Une autre partie de cela se produit sur les réseaux sociaux, à travers des publicités payantes ou par des déclarations publiques que font des candidats », commente Angie Drobnic Holan.
Faire face aux controverses
Bien qu’il ait pour mission de rétablir la vérité, le travail de fact-checking ne fait toutefois pas l’unanimité. Il est parfois l’objet de controverse au sein de l’opinion. C’est ce que fait savoir Kathleen Hall Jamieson, professeur de communication à l'Université de Pennsylvanie et co-fondatrice de FactCheck.org, projet à but non lucratif dont la mission est d’aider les électeurs à réduire le niveau de tromperie et de confusion dans la politique américaine.
« Les controverses au sein de l’opinion, c’est l’une des difficultés auxquelles nous faisons face en tant que fact-checkers. En 2020 par exemple, l'ancien président Donald Trump déclarait à plusieurs reprises sans preuve qu'il avait remporté la présidentielle. Tous les fact-checkers avaient rejeté cette affirmation après avoir sérieusement travaillé sur la question mais cela avait créé beaucoup de discussions. C'est vraiment ce qui avait motivé les attentats du 6 janvier contre le Capitole, c’était des gens qui avaient cru à cette désinformation », explique-t-elle. Une expérience encore présente dans la mémoire collective alors que la plupart des Américains s’apprêtent à élire les représentants du prochain congrès lors des « midterme » attendues en novembre 2022.
Ces élections ont également un impact sur la suite de la gestion du président américain en exercice. Les Démocrates ont intérêt à gagner les plus de sièges possibles pour contrer l’avancée des Républicains (parti d’opposition) et ainsi permettre à Joe Biden de poursuivre son programme sans embûche.
Will Cleas Nlemvo