Procès Rossy Mukendi : il n'y a pas eu violation des consignes. On me reproche les faits commis par autrui (Carine Lokeso)

Procès Rossy Mukendi: plaidoirie de la partie prévenue Carine Lokeso
Procès Rossy Mukendi: plaidoirie de la partie prévenue Carine Lokeso

L'affaire sur meurtre de l'activiste Rossy Mukendi s'est poursuivie ce mardi 7 décembre à la cour militaire qui siège en foraine à la prison militaire de Ndolo. Après le réquisitoire du ministère public qui a requis une condamnation de 10 ans à Carine Lokeso pour violation des consignes, et les plaidoiries des parties civiles, la prévenue Carine Lokeso a plaidé ce mardi. Lors de cette plaidoirie, les avocats de la défense ont accusé le ministère public d'incriminer leur cliente pour des faits qu'elle n'a pas commis. D'après elle, la consigne donnée par le commissaire divisionnaire adjoint Sylvano Kasongo était d'ordre général que chaque élément devait observer. Carine Lokeso n'avait pas utilisé les munitions létales, soutiennent les avocats.

Lire ici : Procès Rossy Mukendi : le ministère public requiert 10 ans de servitude pénale principale pour violations des consignes à l’encontre de Carine Lokeso

Pour Maître Étienne Lomela, on accuse sa cliente pour l'infraction commise par Franco Bivuala qui est en fuite.

" J'ai suivi le ministère public, j'ai suivi la partie civile, c'est comme si on était en face d'un réquisitoire historique. Rien de droit sinon de forcer la preuve, rien de droit sinon chercher à fabriquer les infractions contre ma cliente. Monsieur le Premier Président, la consigne était générale. Tout le monde était appelé à observer la consigne. Si la consigne était adressée à ma cliente, là l'infraction de la violation des consignes serait imputée à la personne qui ne l’a pas fait respecter. Mais Monsieur le Premier Président, vous avez compris que l'accusation est en train de poursuivre notre cliente pour des faits commis par Monsieur Bivuala à titre personnel. Et nous sommes poursuivis pour des faits reprochés à autrui parce qu'on ne peut pas concevoir que d'une part Monsieur Bivuala commette seul l'infraction et que d'autre part on vous dise qu'il a commis avec l'autorisation de Carine Lokeso sans que cette autorisation transparaisse. C'est un non sens", expose Me Étienne Lomela devant la cour militaire.

Et de poursuivre : " Le réquisitoire du ministère public est ridicule, Monsieur le Premier Président. Vous allez vous rendre compte que l'infraction n'était que fabriquée. L'acte incriminé, c'est le non respect de la consigne, donc la violation d'une consigne générale ou inexécution d'une consigne. Monsieur le Premier Président, la consigne verbale personnelle n'existe pas, on viole quoi ? Notre cliente vous a dit qu'elle ne connaît pas la consigne du refus de détenir ou de l'interdiction de détenir. Vous comprenez que le ministère public fabrique une accusation"

Lors de cette plaidoirie, Carine Lokeso a révélé que Bivuala n'a jamais été son garde du corps et qu'elle n'a jamais donné l'ordre à Bivuala de tirer. Lors du début de l'instruction le lundi 23 août dernier à la Cour militaire de Kinshasa-Matete, la partie civile avait exigé la présence Franco Bivuala Makiadi, qui est depuis lors en fuite. Pour la partie civile il serait un des gardes rapprochés de la commissaire principale adjointe Carine Lokeso, lors de l'opération du 25 février 2018 qui a conduit à la mort de Rossy Mukendi.

"Au sujet de la non-comparution de Bivuala qui, pour l'audience de ce jour, n'avait pas été régulièrement notifié, on ne pouvait pas retenir de défaut à son égard. Bivuala existe, il a même déposé au niveau de l'auditorat avant de prendre fuite. C’est pourquoi nous demandons à l'officier du ministère public de rechercher Bivuala parce que l'officier du ministère public a tous les moyens pour retrouver Bivuala. C'est dans cette logique que nous avons sollicité une courte remise pour qu'à la prochaine audience Bivuala vienne comparaître. S'il ne comparaît pas, il sera jugé par défaut et la procédure sera régulière à son endroit", avait expliqué à ACTUALITE.CD, Me David Tshimanga.

La cour a renvoyé l'affaire au lundi 13 décembre prochain pour la suite de la plaidoirie pour prévenu Tokis Kumbo.

Lire aussi : Procès Rossy Mukendi : pour les parties civiles, c'est l'ordre "à l'assaut, que le bon citoyen se retire" donné par Carine Lokeso le jour des opérations qui a poussé les policiers à commettre le meurtre

Ivan Kasongo