Violences conjugales : « j’ai enfoncé un morceau de verre dans son avant-bras », témoignage d’une survivante

Photo/ Actualité.cd
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Les violences conjugales ne concernent pas uniquement les couples mariés. Dans le monde, 35 % des femmes ont subi au moins une fois des violences physiques de la part notamment d’un partenaire intime, renseigne Onu Femmes. Dans un entretien avec le Desk Femme ce 08 novembre à Kinshasa, Clotilde*, actuellement âgée de 30 ans partage son témoignage.  

  A cette époque-là, Clotilde a 23 ans. Elle vit en Afrique du Sud depuis 17 ans et poursuis ses études universitaires en sciences commerciales. Elle décide d’emménager avec son copain. Ils partagent les frais  du loyer et autres charges de la maison. 

« Nous avons fait en tout 5 ans de relation. La première année de cohabitation, je repérais des signes de toxicité mais je ne me rendais pas compte qu’il s’agissait de violence conjugale. J’avais de l’espoir que mon partenaire finirait par changer. Nous avions des périodes calmes et de réconciliation (…) par moment, j’étais convaincue d’avoir mérité ces violences,» se rappelle-t-elle.  

Dans un article publié cette année, l’ONG internationale Amnesty précise que la violence entre partenaires doit se comprendre comme un cycle, une succession d’événements, certains apparemment peu importants (insultes, humiliations verbales), d’autres plus graves (gifles, coups, ...).

Au fil du temps, la violence devient plus fréquente, jusqu’à devenir insupportable. Pour Clotilde, l’insupportable se produit au cours de la deuxième année de cohabitation. 

« L’année suivante, je m’intéressais au droit et au genre, ce qui m’a permis de réaliser que je vivais des violences conjugales. J’avais des preuves que mon partenaire me trompait. Un soir, à son retour, j’ai exposé toutes ces preuves. Il a d’abord crié sur moi, puis s’est mis à tout casser dans la maison. J'ai du appeler la police. Il m'a menacer de m’ôter la vie. J’étais partagée entre les sentiments que j’avais pour lui et le désir de contacter la police. Nous vivions au 3ème étage d’un immeuble de 10 niveaux. Je suis passée par la fenêtre en le prévenant que j’allais commettre un suicide. Il a arrêté. J’étais en pleurs parce que je ne supportais plus cette situation, » confie-t-elle. 

Le couple s’est séparé. Mais quelques mois plus tard, ils ont repris leur relations. Cette fois, Clotilde va vivre dans l’appartement de son partenaire. « Je me disais qu’il avait beaucoup changé. » Deux semaines, après que nous ayons aménagé ensemble les disputes ont repris. « Il m’a giflé une première fois, une deuxième fois et à mon tour, je suis entrée dans la cuisine, j’ai cassé un verre. Pendant qu’il s’avançait pour me donner une troisième gifle, j’ai enfoncé un morceau de verre dans son avant-bras ». La relation a pris fin. 

En termes de conseils aux femmes qui subissent les mêmes formes de violences,Clotilde conseille qu' « aux tous premiers signes de violence, il peut s’agir d'un haussement de voix, un verre que l’on casse en votre présence, une gifle… prenez vos distances. N’attendez pas d’y laisser votre vie. Prenez soin d’en parler avec d’autres personnes pour en guérir complètement, et si vous êtes décidée à partir, ne baissez pas les bras après cette réalité ».  

De 2012 à 2014, Clotilde a bénéficié d’une aide psychologique pour guérir et  se reconstruire. Elle s’est actuellement dressée en modèle de leadership et est très engagée dans la promotion des droits des jeunes. Elle a occupé des postes de responsabilité dans une entreprise Sud-Africaine. 

*Le nom de la survivante a été modifié sur sa demande

Prisca Lokale