RDC: guerre entre Greenpeace et Bazaiba, l’ONG veut une enquête visant la VPM

ACTUALITE.CD

Arnaque et complot. Greenpeace n’y va pas avec le dos de la cuillère. L’ONG demande à Félix Tshisekedi d’ordonner une enquête urgente pour établir les responsabilités de tous ceux, y compris la vice-Première ministre et ministre de l’Environnement Eve Bazaiba qui seraient impliqués dans ce que les activistes appellent « affaire Tradelink ». 

Pour rappel, Greenpeace Afrique est en possession d’un ordre de mission signé le 13 septembre dernier par Mme Bazaiba pour sept membres de son ministère d’accompagner une équipe de la Tradelink dans la province de Tshopo. Cette société de courtage s’était fait attribuer en septembre 2020 « en toute illégalité six soi-disant concessions de conservation sises sur une forêt grande comme la moitié de la Belgique. Son seul actionnaire connu est un expatrié belge qui a fait carrière dans les mines, le bois, et le pétrole », rappelle l’ONG.  Il y a plus de quatre mois, la société civile avait déposé un recours administratif visant l’annulation des contrats qui impliquent notamment Tradelink. 

ACTUALITE.CD a consulté ledit ordre de mission. Il a pour objectif la « Facilitation de la négociation et signature des accords de clauses sociales, réalisations des enquêtes socio-économiques et la signature du consentement libre, informé et préalable (CLIP) de la Société TRADELINK ». La mission avait une durée de trente jours et concernait Isangi, Tshopo et Opala dans la province de la Tshopo.

« Le Chef de l’Etat a été clair: ces concessions doivent être annulées. Tout devrait être stoppé juste après la décision du chef de l’Etat. Nous dénonçons tous les contrats illégaux signés et leurs bénéficiaires. Il y a les 9 concessions en janvier, 4 en juin, 6 en septembre 2020, toutes les concessions octroyées de manière illégale », a dit à ACTUALITE.CD Irène Wabiwa Betoko, cheffe de la campagne Greenpeace Afrique pour la forêt du Bassin du Congo.  Insistant sur Tradelink, Greenpeace note qu’en apportant « son soutien à cette arnaque, la ministre a démontré son mépris de la loi congolaise, de la société civile, ainsi que des engagements de son Président envers les pays donateurs qu’il courtise actuellement ».

L’organisation  réitère également sa demande au président Tshisekedi de veiller à l’exécution effective par la ministre Bazaiba de sa décision de suspendre toutes les concessions forestières illégales.  

« En ces temps où le monde entier se mobilise pour la COP26, le gouvernement de la RDC  se doit d’envoyer un signal fort tant aux Congolais qu’à la communauté internationale que les forêts de la RDC sont à l’abri de nouvelles arnaques, en renforçant le décret sur le moratoire sur de nouvelles concessions forestières », ajoute l’ONG.

L’équipe Bazaiba rejette tous les accusations et se réserve le droit de saisir la justice.

« Ce contrat date de 2020. C’est l’équipe qui est descendue sur le terrain qui a conclu à l’illégalité de ces concessions. Lorsqu’une société a un contrat, elle doit au préalable avoir les clauses sociales avec la société civile et les populations locales. Avant la signature de ces clauses, les études doivent être validées par les experts du ministère. Cette équipe est descendue sur place dans le respect de la loi. Cette équipe a alerté sur le fait que Tradelink avait des contrats illégaux. La dénonciation faite au conseil des ministres l’a été grâce à cette équipe », a dit à ACTUALITE.CD Yves Kitumba, directeur de cabinet de la ministre. 

Et d’ajouter: « Ils n’ont pas la bonne information. L’alerte de cette mission a rendu le rapport non concluant pour que cette société ne signe même même pas des clauses sociales.

Du côté de Greenpeace on insiste: « Nous nous basons sur les faits. Nous ne crayons pas des histoires. Il revient à Mme Bazaiba de nous prouver que cet ordre de mission est un faux. Il ne s’agit aucunement d’un acharnement. Greenpeace a contacté Mme Bazaiba pour une rencontre, mais nous n’avons jamais eu cette opportunité. Nous avons des correspondances dans ce sens. Elle ne nous a jamais répondu », a déclaré à ACTUALITE.CD Irène Wabiwa Betoko.