Alors que les deux communautés Twa et bantous se sont engagés plusieurs fois à faire la paix, cette détermination de cohabiter ne peut réussir que si des initiatives allant dans le sens de financer des projets à impact visible sont réalisées.
Selon Kamona Yumba, ministre provincial de l'intérieur, sécurité et porte parole du gouvernement dans le Tanganyika, l'une des provinces issues de l'ex Katanga, cette province a fait l'objet de plusieurs conflits entre les deux communautés Twa et bantous depuis plusieurs années avant la convocation d'une table ronde à Kalemie pour résoudre les différends entre les deux peuples d'une même province.
"Nous avons en réalité l'ennemi commun qui est la pauvreté qui touche la province. C'est pourquoi nous demandons aux ONG du système des Nations-Unies de venir aider cette population avec des projets à impact visible. Il ne faut pas simplement apporter la nourriture, mais il faut surtout apporter des semences, des outils et surtout des projets qui pousseront les deux communautés à travailler ensemble", a-t-il dit lors d'une interview à ACTUALITÉ.CD.
Pour lui, les conflits coutumiers ont négativement empiré la situation et qu'à ces jours, le gouvernement provincial avec l'appui de la structure qui encadre les autorités coutumières sont en pleine résolution de ces problèmes.
"Les conflits coutumiers font partie des causes de ces différends entre les deux communautés. Il y a trois ans dans la province du Tanganyika, on a jamais résolu les conflits coutumiers, on a évité que la situation qui s'est produite au Kasaï avec les kamwina Nsapu ne se reproduise ici. On avait d'une part les Twa, et d'autre part les jeunes miliciens. Si on va à la consultation, celui qui va perdre l'élection se verra obligé de rentrer en brousse et de continuer avec sa milice. La situation est revenue calme et on a commencé à résoudre les conflits coutumiers notamment à Moba et d'autres contrées" a t-il poursuivi.
Quant à la communauté Twa du Tanganyika, elle se dit plus que déterminée à participer à la pacification de la province face aux divergences qui les opposent régulièrement aux Luba (Bantu). Cette communauté d'autochtones, par l'entremise de M. Beauté Kyungu, responsable des Twa du Tanganyika, regrette néanmoins, le fait qu'ils ne sont pas considérés par le pouvoir en place.
Par ailleurs, ils appellent tout le monde à s'impliquer dans la sensibilisation de ceux qui sont en brousse.
"Nous avons besoin de la paix, de l'unité dans notre province du Tanganyika. Aujourd'hui quand il y a du désordre, les Twa sont accusés d'être à la base de désordre, pourtant, il existe également des infiltrés qui font des bêtises qui sont attribuées aux Twa. Nous sommes en mesure de sensibiliser nos frères qui sont encore en brousse. Ce qui est également mal, c'est qu'on ne se rappelle pas de nous, nous pouvons toujours rencontrer nos frères surtout ceux qui ne veulent pas quitter la brousse et nos autorités ne s'intéressent pas à nous, ils ne nous considèrent pas", avait dit à ACTUALITE.CD lundi, Beauté Kyungu, responsable de la communauté Twa dans le Tanganyika.
Contexte
Depuis 2016, la recrudescence des conflits intercommunautaires et la présence des groupes armés dans la province du Tanganyika, ont entraîné de graves violations des droits de la personne et le déplacement forcé de milliers de personnes résultant en une série d’urgences humanitaires. Le conflit intercommunautaire entre Twa (peuple autochtone pygmée représentant quelque 30 % de la population totale de la province) et Bantoue (majoritaires 70 %) tirent ses racines, d’une part, dans la marginalisation économique et politique de longue date d’une communauté par rapport à une autre, la discrimination sociale, le manque d’opportunités économiques durables, l’accès aux moyens de subsistance, des barrières à l’égalité des droits, du faible accès à la terre, de l’exclusion aux prises de décision politique locales d’une communauté et d’autre part du faible accès aux services sociaux de base et aux ressources naturelles de toute la population dans la province du Tanganyika.
La situation se stabilise grâce aux efforts des autorités provinciales, des communautés locales et de l’appui technique constant des différents acteurs humanitaires qui contribuent au dialogue communautaire et à la réponse humanitaire, de résilience et de développement. Suite à l’amélioration de la situation sécuritaire en 2019, près de 625 000 personnes sont retournées dans leurs zones d’origine.
Pour accompagner le retour massif des populations et atténuer les causes structurelles et les séquelles du conflit, le Fonds pour la consolidation de la paix de l’ONU appuie la province du Tanganyika, à travers plusieurs projets de consolidation de la paix et la cohésion sociale.
José MUKENDI