État de siège : de plus en plus des cas d'atteintes et de vols à mains armées répertoriés à Beni, certains militaires pointés

FARDC
Les militaires congolais dans la zone opérationnelle de Beni/Ph. ACTUALITE.CD

Au moins 57 cas de vols à mains armées ont été documentés au mois d'août en ville de Beni (Nord-Kivu), par l'Association africaine des droits de l'homme (ASADHO), rapporte ce mardi 7 septembre à ACTUALITÉ.CD son porte-parole. Plusieurs cas de cambriolage des maisons, d'arrestations arbitraires et de vols à mains armées ont été perpétrés ces dernières semaines dans les communes de Mulekera et de Bungulu. Ces cas ont été commis notamment dans les quartiers périphériques de la ville, Kasanga Tuha et Mambangu, à moins d'un kilomètre d'une base de l'armée.

Isaac Vagheni, âgé d'une vingtaine d'années, se souvient encore de ses amis arrêtés le 23 août, alors qu'ils suivaient un match de football dans une maison. Selon lui, 7 de ses collègues croupissent à la prison de Kangbayi.

« Il y a 13 jeunes de notre quartier qui suivaient nuitamment un match de Real Madrid dans un ciné, par peur de se faire arrêter pendant le couvre-feu ils avaient décidé de s'enfermer pour y passer la nuit. Malheureusement,  les éléments des forces de l'ordre les avaient repérés et ils les ont arrêtés. On les a accusés faussement d'être des activistes du groupe de pression Véranda Mutshanga. Parmi eux, sept ont été transférés à la prison de Kangbayi et les autres sont libres », explique Isaac Vagheni, président de la jeunesse dans la cellule Mbulu, au quartier Kasanga Tuha.

L'ASADHO déplore la montée de l'insécurité dans la ville de Beni pendant la période de l'état de siège décrété dans le milieu par le Chef de l'État.

« L'ASADHO déplore cette situation d'insécurité alors que nous sommes dans l’état de siège où les militaires et policiers sont censés restaurer la sécurité. L'ASADHO demande aux services de sécurité de revoir leur façon de faire, on ne peut pas faire tout un mois jour pour jour sans que les bandits soient dénichés », indique Kizito Bin Hangi, communicateur de cette organisation à Beni.

Pour sa part, la société civile pointe les militaires blessés au front et qui vivent avec la population. Elle demande leur départ de la ville.

« Nous demandons aux autorités au niveau national et provincial d'identifier tous les militaires blessés afin de les délocaliser de la ville de Beni, parce que nous pensons que ce sont eux qui sont en train d'amener l'insécurité en ville de Beni », déclare Pépin Kavota, président de la société civile de Beni.

L'armée dit regretter cette accusation. Pour elle, la situation sécuritaire s’améliore dans la ville contrairement à ce que dénonce la société civile.

« C’est au moment où la situation sécuritaire s'améliore en ville que la société civile accuse les militaires, alors que pendant qu'on avait 7 à 8 cas d’abus par jour, elle n'accussait pas l'armée », rétorque le capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole militaire à Beni.

C'est depuis le 6 mai dernier  que les provinces de l'Ituri et Nord-Kivu sont placées sous état de siège afin de permettre aux forces de sécurité de faire face aux violences armées.

En dépit de l'état de siège, l'insécurité s'est accentuée dans les entités précitées. C’est notamment dans les territoires de Beni (Nord-Kivu) et d’Irumu (Ituri) où les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) multiplient des attaques faisant plusieurs morts, sans compter les personnes disparues. Pendant ce temps, le parlement ne continue de proroger cette mesure exceptionnelle alors que le rapport de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale n’a pas été présenté en plénière en vue de permettre de réajuster les systèmes mis en place pour lutter contre les forces négatives dans cette partie du pays.

Yassin Kombi