Les médecins des services publics de l’Etat membres du Syndicat national des médecins (SYNAMED) et du syndicat des médecins du Congo (SYMECO) ont accusé lundi 6 septembre 2021 le ministre de la santé publique, hygiène et prévention, Dr Jean-Jacques Mbungani de vouloir aligner à la prime de risque professionnelle 300 médecins sur recommandation sans tenir compte des critères de sélection établis, afin de bénéficier de prime de risque professionnelle.
Les médecins du secteur public l’ont dénoncé alors qu’ils menacent de reprendre la grève à cause du non-respect par le gouvernement de ses engagements pris pour répondre aux revendications des professionnels de la santé.
« Comment comprendre qu'un gouvernement qui prend un acte par arrêté interministériel puisse laisser un ministre du secteur faire autre chose que ce qui a été formellement levé par l'ensemble du gouvernement. Sur base de quoi il [le ministre de la santé, Ndlr] a sélectionné les 300 médecins recommandés ? C'est sur base de quels critères ? », s'est interrogé Dr Juvénal Muanda, secrétaire général du SYMECO au cours d'une conférence de presse.
M. Muanda ne dit pas cependant qui a recommandé les centaines de médecins.
Pour le Docteur Mankoy, secrétaire général du SYNAMED, l'action du ministre de la santé d'aligner à la prime de risque professionnelle 300 médecins s’explique par des intérêts politiques.
« Le responsable de tous les médecins c'est le ministre de la santé publique. Le ministre doit considérer tous les médecins au même titre mais ce que nous voyons aujourd'hui nous étonne beaucoup. Comment expliquer que le ministre de la santé avec son cabinet peuvent prendre 300 places au titre des recommandés ? Le ministre de la santé s'accapare de 300 places au titre des médecins recommandés et que fera-t-il des médecins qui font leur travail et qui n'ont pas de protection politique ? Les recommandés sont pris seulement à Kinshasa et alors d'autres médecins qui sont à l'intérieur du pays n'ont-ils pas droit d'être alignés aussi ? Le ministre doit tenir compte des critères notamment l'ancienneté et non prendre en compte ceux qui sont recommandés par les politiques », a déploré le SG du SYNAMED.
L’action du ministre Mbungani ne prend pas en compte la commission ad hoc.
« Cela veut dire tout simplement que les 300 places gardées par le ministre ne passeront pas dans la commission, c'est seulement son ministère et son cabinet qui savent les critères sur lesquels ils se sont basés pour conserver 300 places aux médecins recommandés. C'est cette manière de faire qui nous crée souvent des problèmes. Cette histoire a comme conséquence le monnayage où certains conseillers et membres du cabinet promettent à certains médecins que vous serez aligné et en contrepartie, tu me laisseras ta prime pendant deux ou trois mois, c'est de l'extorsion. Ceux qui travaillent depuis 2019, 2018 ne sont pas pris, mais vous préférez ceux qui sortent nouvellement parce qu'ils sont membres de vos partis politiques ? Lorsqu'on dit État de droit, ça veut dire que tous nous sommes égaux, il n'y a pas certains qui doivent être au dessus des autres parce qu'ils sont vos frères, membres de vos partis politiques », a dénoncé le SG du SYNAMED Dr Mankoy.
Face à cette situation, les médecins sollicitent l'implication de Jean-Pierre Lihau, Vice-premier ministre de la Fonction Publique.
« En notre qualité des fonctionnaires de l'État, notre chef c'est le ministre de la Fonction Publique, nous demandons au VPM, Ministre de la Fonction Publique de nous convoquer pour en parler afin que cette question soit réglée », a ajouté Dr Mankoy.
Un mois après la suspension de la grève, les médecins ont constaté que le gouvernement n'a pas toujours réalisé les engagements et promesses pris. Ils menacent de reprendre la grève si rien n’est fait rapidement tel que convenu.
Clément Muamba