RDC : les autorités veulent identifier les sociétés étrangères qui exploitent « illégalement » l’Or à Mwenga au Sud-Kivu

Creuseurs

C’est à la suite des plusieurs dénonciations des organisations locales basées dans le territoire de Mwenga que le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Kasi, a accordé la semaine dernière un moratoire de 72 heures aux responsables des sociétés étrangères exploitant l’Or dans cette entité afin de s’enregistrer auprès des services étatiques attitrés. Ils sont appelés à se munir des « titres miniers et actes juridiques qui les autorisent à exercer leurs activités dans le secteur minier ». Le gouverneur somme aussi tous les militaires de quitter les sites miniers.

Le moratoire a expiré le lundi 16 août dernier. « Dépassé ce délai, leurs activités seront suspendues avec les conséquences y afférentes », prévenait le gouverneur du Sud-Kivu.

Plusieurs entreprises chinois sont implantées dans le territoire de Mwenga. C’est notamment Oriental Ressource Congo (ORC), Yellow Water, Crystal (Blue Metal), Blue Ant et Oriental ressources Congo. Les communautés locales les accusent d’œuvrer illégalement et de ne pas respecter leurs cahiers des charges.

« Ces entreprises sont arrivées là mais n'ont aucun document, la plupart sont passées par les coopératives locales non reconnues par l’Etat. Plus grave, ces entreprises ne respectent pas les cahiers des charges de la population », dénonce à ACTUALITE.CD Bienvenu Abel,  coordonnateur de la plateforme dénommée Investissement Durable au Kivu (IDAKI)  qui réunit les opérateurs miniers, les membres du gouvernement provincial et de la société civile du Sud-Kivu.

Ces allégations sont soutenues par l’ancien député national Chary Wenga.

« Les chinois pillent l'or illicitement, la population s'est soulevée suite à ce pillage parce qu’ils n'ont pas des documents et la population est appauvrie par ces chinois. Ce qui est pire, il y a des dragues industrielles qui exploitent toutes les rivières de la collectivité, des dragues industrielles des entreprises qui ne sont pas connues », a indiqué l’ancien député.

« Les entreprises chinoises qui exploitent de l'or dans le territoire de Mwenga le font en toute  clandestinité et n'ont pas des documents officiels, elles exploitent de l'or sans au préalable mener une étude d'impact environnemental comme le veut le code minier en vigueur en RDC. Cette exploitation se fait sans discussion avec la population locale pour définir le cahier des charges », dénonce pour sa part une association des jeunes locaux.

D’après plusieurs sources, ceux qui tentent de lever la voix pour dénoncer les activités illégales desdites entreprises sont intimidés ou arrêtés. Il y a une semaine, le président de la société civile Mitobo dans le territoire de Mwenga, également chef du groupement a été interpellé par les services de sécurité sur ordre d’une de ces entreprises et a été relâché après 24 heures de détention dans un cachot. Certaines autorités locales sont impliquées dans l’installation « illégale » de ces entreprises. En décembre 2020, le chef de la chefferie des Wamuzimu dans le territoire de Mwenga avait instruit le chef de groupement des Banampute à Mitobo « d’installer la société Oriental Ressources Congo », « conformément au protocole signé entre cette dernière et Corporation Banro ».

Cette situation est quasiment observée dans plusieurs provinces du pays. C’est notamment en Ituri où des chinois exploitent « sans titres » de l’Or dans les territoires de Mambasa et de Djugu.

Lire ici : RDC: Trois ressortissants chinois disparus dans une région minière en Ituri

Justin Mwamba