RDC-Etat de siège : une organisation féminine dresse des nouvelles recommandations après son rapport d'évaluation

RDC-Etat de siège : une organisation féminine dresse des nouvelles recommandations après son rapport d'évaluation
RDC-Etat de siège : une organisation féminine dresse des nouvelles recommandations après son rapport d'évaluation

La Dynamique des femmes pour la bonne gouvernance (DYFEGOU) a publié un rapport d’évaluation des actions de l’Etat de siège, décrété en territoires du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis trois mois maintenant. Dans ce document, l’organisation soulève les nombreux points qui n’ont pas été respectés depuis le début de l’opération et invite les autorités à mettre en œuvre une dizaine de recommandations.    


« La situation des massacres de Beni est à la base d’une situation humanitaire très précaire qui demande une attention particulière. Plus de 190 villages sont déjà abandonnés par leurs occupants. Il s’agit des villages situés dans trois des quatre groupements du secteur de Beni-Mbau, à savoir les Groupements Bambuba Kisiki, Batangi-Mbau, Banande-Kainama ainsi que dans le Secteur de Ruwenzori. », mentionne le rapport, qui dénombre à 4200, le nombre de morts à coup de machette, de hache, de couteaux ou de fusils, à 3100, le nombre d’orphelins, 2600 les veuves, et plus de 100 mille ménages déplacés. 


Dyfegou note que depuis l’instauration de l’Etat de siège, la situation s’est empirée sur le terrain. Les incidents sécuri¬taires ont augmenté, avec de graves conséquences humaines, matérielles et économiques qui viennent s’ajouter à la misère qui a duré plus de sept ans dans cette région. La sécurité des civils s’est dégradée dans les deux provinces concernées, les chiffres allant jusqu’à près de 250 personnes tuées dans les attaques et braquages contre les popula¬tions civiles et les usagers de la route. 

Parmi les causes à la base de la persistance de ces massacres, DYFEGOU à travers ses descentes sur le terrain à Beni, dans le Nord-Kivu, dans le territoire d’Irumu et dans l’Ituri révèle que les uniformes utilisés par les miliciens ne sont pas de loin différents de ceux des forces armées de la RDC.  L'organisation relève également d'autres faits: le lingala, une des langues nationales est également parlé par certains éléments des ADF, l’impunité envers les brebis galeuses présentes au sein de l’armée ainsi que le détournement de la ration alimentaire des militaires engagés dans la zone opérationnelle.   

Sur un total de 11 recommandations de la population, soumises aux autorités à travers des rencontres, 8 n’ont pas été réalisées, 1 en partie tandis que 2 ont été réalisées. Les deux dernières concernent notamment la demande expresse au Chef de l’Etat de se rendre jusqu’à Beni et dans l’Ituri en vue de parler aux élèves ainsi qu’aux femmes qui lui ont adressé un message à travers leurs manifestations (sit-in interminable et marche en tenue des sacs) mais aussi, de s’assurer que les collaborateurs directs du Chef de l’Etat dans la gestion des FARDC exécutent sans failles et fidè¬lement ses ordres. 

« Le blocage, c'est souvent lorsqu’il y a manque de volonté d'une part, le détournement de fonds pouvant aider à la matérialisation de certaines recommandations, mais aussi des immunités », a expliqué Rose Kahambu Tuombeane, coordonnatrice de la DYFEGOU. 

7 nouvelles recommandations

Pour la poursuite de l’Etat de siège, DYFEGOU a dressé, à l’issue de ses investigations, sept (7) nouvelles recommandations aux autorités congolaises.

Parmi les plus pertinentes, la mise en place des mécanismes de collaboration étroite avec la population afin que celle-ci se sente plus concernée par l’Etat de siège mais aussi consultée et écoutée par les décideurs et contribue à son tour à la réussite de l’opération. A la justice de se saisir dans l’urgence de toutes les personnes suspectées d’être derrière les massacres peu importe leur appartenance.

Prisca Lokale