Affaire 500 jeeps aux députés : Lucha dénonce « des pratiques mafieuses de corruption, d’achat de conscience » et appelle à revendre publiquement ces véhicules

Ph. ACTUALITE.CD

Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) s’est indigné de l’achat de 500 jeeps aux députés nationaux par le président de la République, selon les propos du président de l’Assemblée nationale. Dans un communiqué ce jeudi 24 juin, LUCHA dénonce cette offre de plus de 20 millions USD et la qualifie notamment de corruption, d’achat de conscience. Le mouvement parle aussi des “pratiques mafieuses” dans un pays pauvre où la répartition des ressources de l’Etat est inéquitable .

Pour la LUCHA cet acte est contraire aux engagements pris pour le peuple par l’actuel pouvoir.

« Le scandale des jeeps SUV Palisade aux députés nationaux met en nu les pratiques mafieuses de corruption, d'achat de conscience, de gabegie, de gestion opaque et de répartition inéquitable des ressources publiques qui se poursuivent impunément au sein des institutions et ce, en dépit des engagements du président Félix Tshisekedi à réprimer farouchement la corruption dans toutes ses formes. Cela contredit également l'engagement du vice-président de l'Assemblée Nationale, M. Jean-Marc Kabund, à réduire le train de vie des institutions dont le fonctionnement Consomme déjà plus de 70% du budget national », fustige la LUCHA dans ce document parvenue à ACTUALITE.CD.

Et de poursuivre :

« Il est inconcevable que la fourniture des moyens de transport à des députés nationaux qui n'en manquent pas et qui sont parmi les catégories socioprofessionnelles les mieux payées pour un rendement médiocre soit la priorité des autorités Congolaises. Cela est fort révoltant et indécent lorsque le pays est confronté actuellement à une crise sanitaire de la COVID-19, à une crise humanitaire induite de l'éruption volcanique, des conflits armés dans l'Est et de la forte pauvreté de la population. A titre d'exemple, les braves personnels de la riposte ont enregistré sept mois d'arriérés de salaire, et ont dû menacer de grève pour enfin être payé ».

La LUCHA  demande à l'Assemblée nationale et au gouvernement de procéder à la vente publique de ces jeeps et de réinvestir ces fonds dans des domaines d'intérêt public et direct pour la population. Tout en félicitant les députés qui se sont publiquement « distancés de ce scandale », en l’occurrence Jean-Baptiste Kasekwa, Ados Ndombasi, Delly Sesanga, Néhémie Mwilanya et Juvenal Munubo, elle a, en outre, exigé aux autres députés de boycotter ces engin.

« Attachée à la gestion saine des ressources et au principe de la distribution équitable des ressources de l'État, la LUCHA exige aux élus nationaux à renoncer rapidement et publiquement à ce don en signe d'attachement au combat pour la réduction du train de vie des institutions étatiques. Un élu du peuple dit honorable doit faire preuve d'exemplarité. Cela a le mérite d'affirmer leur caractère éthique et de probité », avance la LUCHA.

Cette structure appelle urgemment l'Inspection Générale des Finances (IGF) de diligenter une enquête sérieuse pour déterminer l'origine des fonds et établir les responsabilités en cas de corruption ou toute autre forme d'infractions économiques ainsi que s'assurer que la procédure de passation des marchés publics a été scrupuleusement respectée. Au président de la République, la LUCHA lui demande de veiller au respect de l’article 69 de la constitution en s'abstenant de tout acte d'asservissement des autres institutions de la République. « Caporaliser le parlement est une violation grave de notre constitution », dit la LUCHA.

Pour essayer de dissiper tout malentendu à la suite du tollé suscité sur la toile, le rapporteur de la chambre basse du parlement, dans une mise au point mardi dernier, affirmait qu’une commande a été effectuée auprès d’une firme basée en RDC pour l’obtention de ces véhicules soutenant que cela s’est passé dans le respect des normes. Il avait ajouté que c’est une banque privée qui va procéder au paiement sur la base d’un accord avec l’Assemblée nationale. C’est qui est contradictoire avec les propos du président Christophe Mboso qui affirmait, au cours d’une réunion  avec les députés nationaux de l’Union sacrée de la nation tenue le 18 juin,  qu'il s'agit d'un cadeau aux députés pour avoir mis en exécution l'appel du chef de l'état avec notamment la requalification de la majorité parlementaire pour la mise en place de l'Union sacrée de la nation mettant fin à l’alliance FCC-CACH. Plusieurs élus se sont également contredits à ce propos.

Fonseca MANSIANGA