Une matinée d’échange a eu lieu ce mardi 8 juin à Kinshasa, organisée par la Commission des droits de l’homme de l’Assemblée Nationale, en collaboration avec le Bureau Conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH). Au cours de cette activité, des députés nationaux et provinciaux ont pu acquérir des connaissances pour identifier, prévenir et combattre des discours de haine.
« Ces discours et messages affectent nos communautés. Déjà impactées par divers conflits et tensions communautaires. De nombreuses personnes et groupes continuent à être victimes des messages diffusés et propos tenus sur la place publique, amplifiés par le numérique, appelant à l’intolérance, à la haine tribale, à la xénophobie et à la discrimination », a dit Christelle Vuanga, présidente de la CDH, dans son discours d’ouverture de la matinée.
Dans la même logique, Abdoul Aziz Thioye, a souligné le fait que la RDC, un pays post-conflits, a encore des efforts à mettre pour la consolider et la cohésion nationale, même s’il y a une forte conscience des lignes rouges à ne pas franchir.
« Des discours et messages péjoratifs, qui peuvent entraîner la haine raciale, tribale, sexiste, appellent à l’intolérance et menacent les bases de la cohésion sociale, du vivre ensemble et de la communauté nationale. L’élément de référence est l’article 20 du pacte International des droits civiques et politiques (PIDCP) qui encadre la liberté d’expression. Il y a tout un travail à faire », a ajouté le directeur du BCNUDH.
Vers une proposition de loi régulant les messages et discours sur les réseaux sociaux
Place à présent à la table ronde. Les députés sont appelés à donner l’exemple d’un terme, d’une phrase qui traduit la haine. En langues nationales, en dialectes, chaque participant relate une expérience vécue, au cours d’une campagne électorale dans une province, dans les groupes WhatsApp, à travers les médias et sur différents autres supports. Le Bureau des Nations aux DH expose les différents instruments nationaux ayant trait à cette thématique, notamment la Déclaration Universelle des DH, l’article 4 de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination raciale, et autres. Après débats et échanges, le Bureau propose un exposé sur l’utilisation des réseaux sociaux. Enfin, chaque participant propose des mécanismes de lutte contre ces messages et discours.
Solange Masumbuko Nyenyezi, élue de Kinshasa, a appelé les acteurs politiques à proférer des discours et messages qui renforcent l’unité et la cohésion nationale.
« Je suis généralement présente sur les réseaux sociaux et j’observe la tension entre nos communautés. C’est à nous, leaders politiques, d’apaiser la population en proposant de plus en plus de discours communautaires, des messages qui unissent nos populations. Nous avons en RDC plus de 450 tribus, si chacune d’elle devrait prioriser sa personnalité, ce serait un échec. Mais si nous constituons une Union positive, c’est une richesse. », a-t-elle dit
Prosper Tunda Kasongo, membre de la Commission DH à l’Assemblée Nationale, a expliqué les démarches qui pourront succéder à cette matinée.
« Au niveau de la Commission DH de l’Assemblée Nationale, nous allons encore réfléchir pour savoir s’il faudrait mettre en place une loi ou des mesures d’encadrement. Nous allons poursuivre cette discussion notamment avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSAC), l’Autorité de régulation des Postes et Télécommunication. Lorsqu’il y a une loi, on va contraindre tout le monde au respect », a fait savoir l’élu de Kibombo.
« Chers collègues, nous savons tous que nous appartenons à différents groupes ethniques. C’est un postulat. Mais, en tant que parlementaires, législateurs, nous devons prêcher par l’exemple, faire des choix qui mettent en priorité la cohésion nationale. Lorsque nous restons attachés à nos identités, nous défendons parfois l’indéfendable. Qu’allons-nous léguer à notre nation ? Au-delà de nos origines, supprimons, bannissons les discours et messages de haine », a conclu Christelle Vuanga.
Parmi les différentes plateformes qui seront mises en place dans les prochains jours, il y a notamment un groupe WhatsApp pour permettre aux participants de poursuivre les débats, les étendre au niveau du parlement et proposer des solutions concrètes dans la lutte contre ces formes des messages et discours au sein des communautés congolaises.