Nord-Kivu : en plein état de siège, des infirmiers d’une partie de la province en grève pour réclamer l’amélioration de leur prise en charge

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Les infirmiers du Grand-Nord-Kivu (Beni, Butembo et Lubero) sont en grève depuis ce mercredi 9 juin 2021. Ils revendiquent l’amélioration de leur prise en charge, notamment l’alignement des professionnels de santé non payés à la prime de risques et l’octroie des commissions d’affectation.

La région étant en plein état de siège, les infirmiers ne vont donc pas sécher les activités. Pendant trois jours,  « ils vont afficher devant les bureaux administratifs de la mairie ou des entités de santé des calicots reprenant les désidératas des infirmiers, vont travailler sans blouse et ne vont pas prendre part aux rapports matinaux », tel qu’a indiqué à ACTUALITE.CD M. Vake Okele, secrétaire exécutif provincial de la Solidarité syndicale des infirmiers du Congo (SOLSICO-Nord-Kivu), l’une des organisations syndicales ayant déclenché la grève.

Ce que veulent les infirmiers

Par ce mouvement de grève, les infirmiers disent revendiquer l’amélioration de leur prise en charge.

« Nous réclamons l’alignement des agents jusque-là non payés à la prime de risque du personnel de santé publique, hygiène et prévention, l’exécution stricte des crédits budgétaires selon les catégories prévues par la loi des finances exercices 2021, l’octroie de commission d’affectation collective provinciale dans un délai raisonnable », a fait savoir  M. Vake Okele.

Selon ce dernier, la revendication en rapport avec la commission d'affectation est spécifique pour les infirmiers du Nord-Kivu. Car, d’après lui, environ 50% d’infirmiers prestant en province restent sans commission d'affectation.

« C'est la commission qui est le premier acte administratif qui prouve qu'on est agent de l'État et qu'on a droit à certains avantages de l'État. Mais près de 50% restent sans commission d'affectation », déplore-t-il.

Selon des sources d’ACTUALITE.CD, c’est le gouverneur de province ou le ministre provincial de la santé qui sont censés signer cette commission d'affectation. Avant de céder sa place à l’actuel gouverneur militaire, le gouverneur sortant Carly Kasivita avait signé des dizaines de commissions d’affectation.

Cependant, ses actes sont critiqués dans le milieu des infirmiers car ils concernent pour la plupart, des infirmiers de Kyondo et Vuhovi, son fief électoral.

« La dernière commission d’affectation date de 2011-2012. Celle qui a été signée avant l'état de siège (par le gouverneur Carly Kasivita, Ndlr) a été purement politique, car reprenant pour l’essentiel, juste les agents de deux zones de santé (Kyondo et Vuhovi) qui est la base électorale du signataire de ladite commission », dénonce l’infirmier syndicaliste de Beni.

Les coordinations syndicales veulent voir tous les infirmiers du Nord-Kivu en bénéficier.

« Cet acte ne concerne pas seulement les nouveaux, les anciens qui sont mutés par les partenaires de l'État, notamment les Églises, doivent avoir d'autres commissions dans les nouvelles zones de santé où ils sont mutés », plaide-t-il.

Les infirmiers menacent de radicaliser leurs mouvements en cas de non prise en compte de leurs revendications.

Claude Sengenya