RDC : « Dan Gertler gagne par jour 254 000 USD, en exploitant « illégalement » les ressources naturelles du Congo » (enquête CNPAV)

Enquête du CNPAV sur les transactions de Dan Gertler. Ph. ACTUALITE.CD

Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) a publié ce mercredi 12 mai à Kinshasa son rapport intitulé : « Des milliards perdus : enquête financière sur les transactions de Dan Gertler dans le secteur extractif ». Les résultats de l’enquête du CNPAV rapportent que l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, gagne par jour 254 000 dollars américains (deux cent cinquante-quatre mille USD) par le canal de son exploitation « illégale » des ressources naturelles de la RDC. Ce qui équivaut à 1 778 000 $ par semaine, 7 620 000 $ chaque mois et 92 710 000 $ chaque année.

Le CNPAV regrette dans son rapport que l’argent « dilapidé » par Dan Gertler aurait pu servir à la RDC de construire des écoles de qualité et de couvrir leurs frais opérationnels ; d’acheter des bus pour les transports en commun et de tripler son budget annuel pour l’agriculture.

« Avec les 254 000 $ que Dan Gertler gagne par jour, le Congo pourrait construire deux écoles conformes aux standards. Avec les 1 778 000 $ que Dan Gertler par semaine, le Congo pourrait acheter 25 bus pour les transports en commun. Avec les 7 620 000 $ que Dan Gertler gagne chaque mois, le Congo pourrait couvrir 80% des frais opérationnels de toutes ses écoles. Avec les 92 710 000 $ que Dan Gertler gagne chaque année, le Congo pourrait tripler son budget annuel pour l’agriculture », indique l’enquête du CNPAV.

De ce fait, cette plateforme de la société civile appelle le président Félix Tshisekedi à s’exprimer sur ce sujet et à ouvrir une enquête sur les accords passés par Gertler au cours des vingt dernières années. Le CNPAV évoque un ancien rapport de la Fondation Kofi Annan et Africa Progress Panel (APP), publié en 2013, qui évoque les contrats de Gertler portant sur cinq concessions de cuivre et de cobalt ayant privé à la RDC de 1,36 milliard de dollars.

« Les premières inquiétudes sur les contrats passés avec l’homme d’affaires ont été soulevées par le Groupe d’experts des Nations Unies sur l’exploitation illégale des ressources naturelles au début des années 2007. En 2013, la fondation de Kofi Annan, l’Africa Progress Panel (APP), publie un rapport-phare mettant en avant les montants astronomiques dont a été privée la RDC en faisant affaires avec les sociétés offshore de Gertler. Le rapport conclut que les contrats de Gertler portant sur cinq concessions de cuivre et de cobalt très prisées ont privé la RDC de 1,36 milliard de dollars », réclame le CNPAV.

Huit ans plus tard, Le Congo n’est pas à vendre se penche à son tour sur les chiffres de l’Africa Progress Panel en les actualisant avec des données plus récentes ; d'autres transactions dans lesquelles Gertler joue un rôle-clé sont également examinées.

Sur base de ces nouvelles informations, Le CNPAV estime que jusqu’à présent, l’Etat congolais a perdu un minimum de 1 9467 milliards de dollars en raison des contrats passés avec Dan Gertler.

Des chiffres qui ont un effet dévastateur, selon le CNPAV, dans un pays classé 175ème sur 189 (RDC) sur les dernières statistiques de l’indice de développement humain de l’ONU. Pour cette plateforme, avec cet argent, le gouvernement aurait pu :

• Construire 10 551 écoles, soit l'équivalent d’environ un tiers de toutes les écoles primaires et secondaires en RDC en 2009, ou ;

• Financer l'accès aux soins de santé primaires dans des centres de santé pour 21,32 millions de citoyens14 pendant 10 ans, ou ;

• Goudronner 8.768,85 km de routes, 15 soit plus du double des routes actuellement goudronnées dans le pays. Plus spécifiquement, cette somme aurait pu financer le goudronnage de nouvelles routes entre Kinshasa à l’Ouest et Lubumbashi au Sud ; entre Lubumbashi au Sud et Goma à l’Est ; entre Goma à l’Est et Kisangani au Nord ; entre Kisangani au Nord et Kinshasa à l’Ouest17.

Pour obtenir les pertes financières de la RDC, le CNPAV, dit avoir calculé la différence entre les revenus tirés par Gertler de ces divers actifs (prix de revente des actifs, perception de royalties ou autres paiements contractuels) et le prix auquel il les a achetés.

Jordan MAYENIKINI