A côté de l’état de siège décrété dans deux provinces de l’Est de la RDC, l’actualité congolaise est marquée également par l’affaire Bukanga Lonzo. Ce projet est né à la suite de l’adoption en 2013 du programme national d’investissement agricole (PNIA). Ce document prévoyait notamment la construction des parcs agro-industriels à travers l’ensemble du pays.
Bukanga Lonzo était alors considéré comme une initiative pilote dans le but de contribuer à l’autosuffisance alimentaire et créer des emplois, contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’accroissement de la productivité agricole.
Cependant, les choses ne se sont pas passées comme prévues et une enquête a été diligentée.
En septembre 2020, les inspecteurs Thierry Mutombo Kalonji, Wangi Bo-Lokonge et Dieudonné Tutondele Ntima sont officiellement chargés d’une mission auprès des ministères de l’agriculture, du portefeuille, de l’Industrie, des finances, de la société African Commodities (AFRICOM) ainsi qu’auprès du parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo.
Cette mission de 20 jours couvrira la période 2014 à ce jour. Les contrôleurs devraient notamment s’assurer de l’existence de faisabilité du projet du parc agro-industriel et en examiner les conclusions, contrôler les procédures de déclassement des fonds relatifs au projet, s’assurer de l’effectivité de l’encaissement par AFRICOM, vérifier la régularité du processus de désignation de AFRICOM, analyser le montage juridique mis en place, etc.
La mission devrait aussi s’occuper de faire le rapprochement entre la hauteur des fonds décaissés et les réalisations effectives sur le terrain, mais aussi contrôler la gestion des biens déjà installés sur le site et contrôler la comptabilité de AFRICOM et s’assurer du paiement dus par cette dernière à l’Etat.
A la suite de l’enquête, on apprend que 285 millions USD au total ont été décaissés par le gouvernement. L’enquête révèle aussi 205 millions USD ont été perdus dans ce projet dont l’échec était planifié dès sa conception, d’après l’IGF. Les inspecteurs notent aussi parmi les causes du débâcle le choix des partenaires non expérimentés ayant bénéficié en plus des marchés passés de gré à gré. L’IGF constate aussi une surfactuaratiion de 1 à 10 pour l’acquisition des équipements et intrants. Elle ajoute que 80% de paiements des surfaturés étaient logés dans un compte bancaire en Afrique du Sud.
Les inspecteurs ont également rapporté une surfacturation présumée des travaux de soutirage de l’électricité sur la ligne Inga à 40 millions USD avec un trop paiement de 2 millions USD.
Ils notent aussi « le manque d’une étude de faisabilité sur la viabilité du projet ainsi que le non-respect des procédures relatives à la passation des marchés publics seraient à la base de toutes les difficultés dans la programmation et la réalisation du projet ».
Cependant, le rapport ajoute que des études de faisabilité pour le marché sur l’électrification du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo ont été présentées à l’équipe de contrôle. Il a été trouvé un master plan et des business plans préparés en 2014 par la société Creative Axis Architectes International, mais pour les inspecteurs, cela n’était pas suffisant.
Plusieurs responsables ont été identifiés par l’IGF qui a déposé son dossier à la justice.