Etat de siège : Human Right Watch redoute des cas d'abus de la part des forces de sécurité au regard des profils des gouverneurs militaires du Nord-Kivu et de l’Ituri

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L’ONG de défense des droits de l’homme Human Right Watch a exprimé ce vendredi 7 mai son inquiétude à propos des profils des nouveaux gouverneurs militaires nommés à la tête des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu dans le cadre de l’état de siège entré en vigueur le jeudi 6 mai.

Selon cette Organisation, ces gouverneurs militaires pourraient enfreindre les lois sur le respect des droits de l’homme, dans la mesure où l’un d’eux, pourrait être responsable des meurtres et des viols dans la partie Est du pays.

« Le profil des nouveaux gouverneurs militaires de ces deux provinces ne peut qu’accroître les inquiétudes au sujet des droits humains et de la protection des civils. Le gouverneur du Nord Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, alias « Effacer le tableau », a été surnommé ainsi lorsqu’il était commandant au sein de la rébellion du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). En 2002, il aurait dirigé l’opération « Effacer le tableau » en Ituri, durant laquelle de graves exactions ont été commises. En Ituri, le lieutenant-général Johnny Luboya, ancien chef des renseignements militaires au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), rébellion soutenue par le Rwanda, pourrait, de par sa position de commandement, être tenu responsable de meurtres, de viols et d’autres exactions commises par ses forces, selon une note interne des Nations Unies que Human Rights Watch a pu consulter », affirme l’ONG HRW.

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Lieutenant-général Luboya Nkashama Johnny a été nommé gouverneur de l’Ituri. Il sera secondé par le commissaire divisionnaire Ekuka Lipopo. De son côté, le lieutenant-général Constant Ndima Kongba prend la commande de la province du Nord-Kivu et le commissionnaire divisionnaire Alonga Boni Benjamin, vice-gouverneur. 

Au sujet d'éventuels dérapages lors des opérations dans cette partie du pays, le porte-parole des FARDC avait indiqué que l’armée va respecter les droits humains et le droit international humanitaire. 

« Nous sommes au service du Peuple congolais, dans l'exercice de nos missions, nous avons l'obligation de respecter le droit de l'homme, le droit international humanitaire, ce qui est spécifique à l'armée est de respecter les règles d'engagement. Les règles d'engagement c’est quand vous avez par exemple des rendus ou capturés sur le terrain, vous le traitez de manière humaine. S'ils ont besoin de soins, ils reçoivent des soins, c'est en cela que nous sommes différents des groupes armés et de tous ceux qui sont à la base de l'insécurité dans l'Est de notre pays», avait rassuré le Général-major Richard-Léon Kasonga au cours d’un point de presse avec les porte-paroles du gouvernement et de la police. 

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Les forces de défense et de sécurité congolaises sont souvent accusées de violations des droits de l’homme. En mars 2021, le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l'Homme (BCNUDH) a documenté 39 violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales en lien avec l’espace démocratique, un nombre quasi égal aux violations documentées au cours du mois de février (40). La majorité de ces violations est imputable à des agents de la PNC (16 violations) et à des militaires des FARDC (15 violations).

L’état de siège est entré en vigueur depuis jeudi 6 mai pour une durée de 30 jours renouvelable. 

Thérèse Ntumba