MONUSCO : il y a des préalables avant l'effectivité de son désengagement, affirme le Premier ministre Sama Lukonde

Un campement des casques bleus dans l'est de la RDC/Ph ACTUALITE.CD

La question liée à la présence de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco) était aussi au centre de la première conférence de presse du Premier ministre Sama Lukonde lundi 12 avril après la publication du gouvernement d’Union sacrée de la Nation. Malgré les manifestations pour exiger le départ de cette mission accusée d’inaction face aux massacres persistants des civils dans l’est du pays, Sama Lukonde indique qu’il y a des préalables, sans les citer, que l’Etat congolais doit remplir avant le retrait de la Monusco.

« Je peux vous avouer que, depuis ma nomination, j'ai eu une rencontre de prise de contact avec Madame Bintou Keita, Cheffe de la Monusco. Dans les échanges que nous avons eus, il a été fait mention du plan de désengagement de la Monusco, c'est un plan déjà existant sur lequel il y a du retard parce qu’il y a des préalables. Et donc, ce que nous devons faire c'est de nous atteler à cela pour que ce plan déjà établi puisse suivre son cours parce qu’il est ici une question de responsabilité et de sécurité, il faut le prendre à la hauteur de la mesure de la question et agir prudemment », a expliqué Sama Lukonde.

Et d'ajouter : « Le plus important est qu'une fois que nous sommes en place, nous puissions encore prendre langue une fois de plus avec les responsables de la Monusco et voir comment les préalables seront rencontrées ».

La stratégie de transition entre la Monusco et le gouvernement congolais existe et a même déjà été traitée au Conseil de sécurité. Elle prévoit notamment une réduction du niveau de déploiement de la force et de la zone d'opérations de la MONUSCO en concentrant la présence militaire dans les régions les plus affectées par des niveaux d'insécurité élevés et persistants, tout en s'orientant vers une présence policière et civile des Nations Unies dans des régions plus stables, avant de réduire les opérations dans ces zones, disait le compte-rendu du 40e conseil des ministres en juillet 2020.

Contexte

Des manifestations ont été initiées au Nord-Kivu pour exiger le départ de la Monusco. Depuis une semaine, au moins 10 personnes ont été tuées dans ces manifestations, dont trois à Beni et 7 près de Goma.

Les tueries ont pris de l'ampleur dans la région de Beni depuis le lancement des opérations dites d'envergure en octobre 2019. Au moins 1140 civils ont péri dans différentes attaques en territoire de Beni dont 1016 dans les attaques attribuées aux rebelles ougandais ADF, selon le Baromètre Sécuritaire du Kivu (KST).

Selon le rapport de la CENCO, 6 000 personnes ont été tuées depuis 2013 à Beni, alors qu’en Ituri 2000 morts ont été enregistrés pour la seule année 2020. Cette situation a entraîné des déplacements massifs des populations dans la région abandonnant des villages entiers entre les mains des assaillants. Le Parlement a d’ailleurs mis en place une commission d'enquête sur la situation sécuritaire dans 8 provinces (l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema, du Haut-Uele, du Bas-Uele, du Haut-Katanga et du Haut-Lomami).

Clément Muamba