Journée Internationale de la Justice Sociale : des performances réalisées par des artistes de diverses disciplines réclamant paix et justice pour Beni

ACTUALITE.CD

En marge de la Journée internationale de la justice sociale célébrée le 20 février, les artistes de Kinshasa se sont exprimés, selon leurs différentes disciplines, sur la situation dans l'Est de la RDC, particulièrement à Beni. Des expositions des tableaux et des performances artistiques se sont tenues publiquement pour interpeller les autorités à prendre contact des situations tragiques des Congolais dans cette partie du pays.

“Nous avons fait notre part en tant qu'artistes et il y a des personnes mieux placées pour amener un changement. Nous ne pouvons pas tout faire. Nous pensons que là où nous nous sommes arrêtés, il y aura les autorités qui pourront continuer à faire justice à ceux de Beni. Nous ne réclamons pas une justice œil pour œil, dent pour dent, nous ne voulons pas nous venger mais nous voulons protéger notre population, pour qu'il y ait changement, pas pour se venger mais pour amener une solution. La joie que nous vivons ici, nous voulons aussi la voir là-bas à l'Est”, a dit Eva Mulumba, artiste plasticien et membre de l'organisation.

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Eva a également exposé deux tableaux dont l'un représentant la balance symbolique de la justice, tenue par une femme qui représente, selon l'artiste, les femmes violées de l'autre côté. Mais une femme s'est décidée de se lever pour montrer aux autorités que ça ne va pas et qu'il faut que la justice soit établie en leur faveur.

“L'emblème de la RDC parle de la justice-paix-travail mais ce qui se passe à l'Est, c'est le contraire de l'emblème. Il n'y a pas de justice, il n'y a pas de paix et c'est compliqué de travailler là où il n'y a pas de paix”, a ajouté Eva Mulumba.

Monzari, artiste portraitiste qui a aussi exposé deux tableaux explique qu'il veut faire passer un message d'encouragement à ceux qui vivent dans l'Est de la RDC.

“Je présente un enfant qui, dans des conditions macabres et difficiles, reste concentré sur ses objectifs. On voit l'enfant qui transpire, qui fait de son mieux avec les moyens de bord pour continuer à avancer. Ce tableau, pour moi, est un message très profond parce que j'encourage les habitants de Beni que malgré les circonstances et difficultés qu'ils traversent, ils doivent continuer à regarder devant, à avancer. L'enfant tient dans ses mains un crayon, un cahier et une latte ; des instruments de base pour l'apprentissage”, explique-t-il.

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Hans Tshiany, artiste peintre, titre son tableau "Sans-abris" et trouve cette situation dans l'Est du pays comme étant une injustice.

“L'homme ne donne que ce qu'il a et moi, comme artiste peintre, j'ai tenu mon pinceau et ma palette, je veux lancer un message qui a un thème des sans-abris. En arrière-plan, il y a le feu. C'est un village, qui représente Beni, qui est brûlé et dans lequel les habitants n'ont plus d'endroit où aller. Sur cette image, on relate la réalité de l'Est du pays. Quand nous parlons de cette façon, c'est pour que les autorités en prennent conscience. C'est inhumain que les gens meurent tous les jours comme des animaux, c'est l'injustice. Nous sommes très fâchés parce que ce sont nos sœurs, nos mamans, nos frères qui sont victimes”, a-t-il dit.

Samuel Tshimanga, artiste graphiste et designer, se dit choqué de ce qui se passe à Kinshasa quand de l'autre côté la situation ne fait que s'empirer.

“Je voulais dire que malgré tous ces massacres et tout ce qui se passe dans l'Est du pays, il y a ici des gens qui fêtent. J'étais choqué le jour où il y avait match, alors qu'on fêtait, il y avait 20 ou 30 morts à l'Est, et personne n'en parlait. J'étais tellement triste que je me suis dit de ramener cette œuvre pour faire passer le message et que les gens voient qu'il y a vraiment des atrocités. Je présente tout un village qui est en feu et où il ne reste qu'un enfant. Un enfant, c'est la RDC. Il faut bien prendre soin d'un enfant”, a-t-il déclaré.

Liévin Bukasa, artiste plasticien est allé droit dans ses tableaux pour montrer comment procèdent des gens qui occupent illégalement l'Est du pays pour prendre les richesses. Il représente les armes blanches dont la hache, le couteau, des flèches ; les munitions, les tueries.

Les artistes Kinois étaient réunis, pour la première fois, autour d'un même projet. Selon les organisateurs, cette vision qui a vu le jour, seulement en 2021, va continuer et est ouverte à d'autres artistes de diverses disciplines. En perspective, une activité est prévue au mois de juillet, le 17, toujours pour plaider en faveur de ceux de Beni, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Justice Internationale.

Emmanuel Kuzamba