Sud-Kivu : William Yakutumba perd deux de ses hommes dans une offensive contre les miliciens Nyamulenge à Fizi

Inhumation après l'attaque (Photo ACTUALITE.CD)

Deux miliciens mai-mai ont été tués dans des combats qui ont opposé lundi leur groupe à une coalition des milices Gumino et Twigwaneho, dirigée par le colonel Rukundo Makanika, déserteur de l’armée congolaise, à Mikarati, Ngoma, Kabara et Kamombo, des villages situés dans les hauts plateaux de Fizi (Sud-Kivu). 

D’après des sources d’ACTUALITE.CD, ces miliciens tués faisaient aussi partie des membres d’une autre coalition des milices mai-mai dirigée par William Yakutumba, l’autre déserteur des Forces armées de la RDC. Ces derniers voulaient, d’après les mêmes sources, déloger les milices Gumino et Twigwaneho, réputés proches de Nyamulenge de ces villages. Ils se sont heurtés à une résistance des miliciens Gumino et Twigwaneho qui ont tué deux d’entre eux et blessé quatre autres, renseigne M. Abungu Andrea, président de la société civile du secteur d’Itombwe.  

«C'était aux environs de 4 heures du matin du lundi que plusieurs villages sous contrôle  des Gumino et Twigwaneho, notamment Mikarati, Kamombo et Kabara ont été attaqués par les hommes de Yakutumba. Toute la journée, il y a eu des violents affrontements, marqués par des tirs à l'arme lourde. Mais les mai-mai n'ont pas réussi à déloger les hommes de Makanika. Nos sources signalent des morts des deux côtés, mais à notre nouveau nous avons un bilan de deux morts et quatre blessés du côté mai-mai», rapporte-t-il à ACTUALITE.CD.

M. Abungu Andrea signale qu’aucun dégât n’a été signalé du coté des civils dont nombreux se sont déjà retirés, depuis plusieurs mois, des villages de Mikarati, Ngoma, Kabara et Kamombo, à la suite de leur occupation par des miliciens. 

Contacté par ACTUALITE.CD, le commandement des opérations Sokola 2 Sud-Sud confirme cet incident. Le capitaine Dieudonné Kasereka, son porte-parole, indique que l’armée congolaise «suit avec une attention particulière tout ce qui se passe sur les hauts plateaux de Fizi, Mwenga et Uvira».

 Il appelle ces groupes armés mai-mai à déposer les armes et rejoindre le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion avant qu’il ne soit tard. 

«Depuis l’année passée, l'armée a lancé un programme de recrutement des jeunes dans ses rangs.  Ce programme concerne (aussi) ces jeunes qui sont utilisés inutilement par des groupes armés. Qu’ils viennent se faire enregistrer dans l'armée pour qu'ils servent la nation au lieu de s'entretuer comme des animaux. C'est vraiment déplorable », déclare le capitaine Dieudonné Kasereka. 

L’intersection des territoires d’Uvira, Fizi et Mwenga connaît une vague des violences depuis plus de deux décennies. Mais le récent cycle remonte de 2016. Des miliciens mai-mai se réclamant autochtones s’affrontent aux groupes armés d’obédience «Nyamulenge», notamment Twirwaneho, Gumino. 

Si des organisations, notamment le BCNUDH, évoque un conflit intercommunautaire entre les groupes se qualifiant d’autochtones, notamment les Babembe, les Banyindu, les Bafuliiru et les Bavira d’une part, et les Banyamulenge d’autre part, les chercheurs reprochent à cette thèse le fait de vouloir mettre en perspective  «les identités et légitimer l’attribution de la responsabilité de la violence des groupes armés aux communautés civiles».

Dans une tribune au KST, la chercheuse Judith Verweijen note que, loin d’être seulement communautaire, les violences d’Uvira, Fizi et Mwenga sont également dues aux manipulations politiques, comme il en est le cas dans l’affaire Minembwe, et à la présence des groupes armés étrangers dans cette région, notamment RED Tabara, RNC et FNL.    

Lubunga Lavoix, à Baraka