La suspension prolongée des activités scolaires dans le pays en général et à Kinshasa en particulier impacte négativement sur l’éducation des écoliers, selon certains parents d’élèves interrogés dans la commune de Lemba. Depuis le 18 décembre dernier, les cours sont suspendus dans les écoles et universités en vue lutter contre la deuxième vague de la pandémie de Covid-19, selon les autorités. Sur ACTUALITE.CD, certains parents en appellent à une solution rapide du gouvernement.
« J’apprécie le fait qu’on ait fermé des écoles pour des raisons sanitaires. On ne pouvait pas continuer à envoyer les enfants à l’école tout en étant conscient qu’on les expose au danger. Mais le gouvernement devrait au moins leur trouver une occupation pour que ces élèves ne soient pas aussi passifs que ça. Je pense à l’organisation des cours en ligne, à la réduction de l’effectif par classe pour permettre même de suivre les cours dans le respect des gestes barrières. La formation scolaire jouit indubitablement sur l’éducation de nos enfants et quand on les laisse comme ça, comme abandonnés à eux même, ça ne va pas et c’est toute l’éducation qui est et qui pourra rester bien longtemps bafouée pour certains », explique Florence Kapila, mère de trois enfants respectivement de deuxième et quatrième année primaire.
Et de relater : « Au début on s’était chargé de leur répéter les leçons apprises et on avait engagé même des répétiteurs pour ça mais avec le temps on a trouvé que ça ne servait à rien parce que ce n’était que des mêmes histoires qu’on leur répéter et c’était devenu comme une sorte des comptes que les enfants mémorisent comme des perroquets ».
Pour Bernadette Kifula, mère de deux élèves finalistes du secondaire, arrêter subitement une activité mentale peut entraîner des conséquences néfastes sur la psychologie des enfants.
« Jusqu’à quand vont-ils continuer à fermer ces écoles ? Qu’on privilégie même les finalistes jusqu’à la présentation de leurs épreuves et on verra comment y aller progressivement avec les classes moyennes et élémentaires. Nos enfants sont devenus de vrais chômeurs. Imaginez des enfants de 17 ans, 18 ans qui étaient engagés pour la scolarité chaque jour, et lorsqu’on suspend subitement les activités scolaires, ça ne leur laisse pas d'autre choix que de se coincer sous les toits familiaux à ne rien faire. Je voulais soulever autre chose lorsque les enfants arrêtent subitement une activité mentale sans être convaincus moralement, leur psychologie le poussera à chercher à tout prix même inconsciemment à combler ce vide créé en eux et ça peut les amener à des folies qu’ils ne peuvent arriver à gérer consciencieusement », a-t-elle dit.
Quel Congo de demain peut-on espérer ? se demande Simon Mutombo, père d’un élève de 6e primaire.
« Je pense que la fermeture des écoles est une décision à deux poids deux mesures. Comment pouvez-vous, dans un pays normal, fermer les écoles qui font de nos enfants des cadres consciencieux et compétents, et vous laissez des bars où il y a tout genre des personnes et qui font du n’importe quoi, et qui ne contribuent même pas à l’avancement du pays. On a fermé les écoles, on garde nos enfants à la maison et quel Congo de demain peut-on espérer ? En laissant les bars ouverts, on ne laisse pas d'autre choix à nos enfants que de s’engager dans ça comme activité quotidienne. Parce que je ne vois pas ces jeunes se donner la peine de rester à la maison du matin au soir pour suivre peut-être des programmes instructifs à la télé mais en fin de compte c’est trop fatiguant et embêtant de rester là planté à un endroit. Même moi je ne saurai pas », s’alarme Simon Mutombo.
Et de poursuivre : « Dieu nous a créés avec du mouvement dans le sang, comment peut-on bloquer ça ? Ça sera inhumain. Je demande aux autorités de revoir surtout cette mesure de suspension prolongée des activités scolaires, qu’ils trouvent d’autres solutions alternatives pour restreindre la propagation de la covid-19 que de continuer à garder des écoles fermées, ça ne sert plus à rien. On en a marre de ce mode de vie qu’on impose à nos enfants ».
Anita Miranda insiste quant à elle aux moyens palliatifs liés à la suspension des activités scolaires pour maintenir l’esprit studieux des élèves.
« C’est vraiment marrant de nous voir être plongé dans un désordre total dans un grand pays comme la RDC. Fermons des écoles pour protéger nos enfants mais trouvons d'autres alternatives pour pallier ça. Pour lutter contre la propagation de la covid-19, le gouvernement a pris des mesures parmi lesquelles la fermeture des écoles mais soyons humains et sérieux vous fermez des écoles pour donner quoi comme boulot à ces écoliers ? C’est pour qu’ils deviennent quoi quand vous suspendez des activités scolaires et vous leur laissez des bars ouverts. C’est déplorable et ça, ça joue sur la psychologie des enfants et ça a une forte influence. Nos enfants risquent de se dérouter en cherchant à combler ce vide de scolarité. Ils sont là comme vous pouvez le constater à monter, descendre et courir le long des rues. Si tu essaies de leur demander la dernière leçon qu’ils ont apprise à l’école, ils ne s’en souviendront pas. Les autres ont déjà oublié même les noms de leurs encadreurs, maîtres, maîtresses et autres. Et notre gouvernement se sent-il à l'aise avec ça ? », déclare cette maman des deux fils.
Les demandes de reprise des cours augmentent de plus en plus. Les autorités congolaises ont fermé notamment les écoles et universités depuis le 18 décembre 2020, suite à la hausse des cas de contamination journalière. Au sortir d’une réunion du Comité multisectoriel de lutte contre la Coronavirus présidée par le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le ministre de la santé avait précisé que tout sera mis en œuvre pour que les années académiques et scolaires ne soient pas blanches. La date du 7 février est évoquée au ministère de l’EPST pour rouvrir les écoles.
Jusqu'à ce jeudi 28 janvier, les statistiques de la pandémie déclarée le 10 mars 2020 en RDC affichent un cumul des cas de 22.322, dont 22.321 cas confirmés et 1 cas probable. Au total, il y a eu 665 décès (664 cas confirmés et 1 cas probable) et 14.997 personnes guéries.
Nancy Kapinga