RDC : décorée en Italie, Yvette Batantu a également été honorée à Kinshasa

RDC : décorée en Italie, Yvette Batantu a également été honorée à Kinshasa

Yvette Batantu a été élevée au rang de chevalière de la République italienne en juin dernier, pour son humanisme et son engagement dans la lutte contre la pandémie Covid-19. Ce 04 décembre, elle a été invitée à la célébration de l’année internationale de l’infirmier et de la sage-femme à Kinshasa où elle reçu un prix de reconnaissance. 


Ancienne étudiante en Sciences infirmières de l’Institut Facultaire Song Hwa (IFAS), après son diplôme de graduat, Yvette a suivi quelques formations pour se perfectionner, avant d’intégrer l’équipe des secouristes de la Croix-Rouge. « Tout s’est passé en 2003. J’ai travaillé en tant que secouriste à Kinshasa, avant d'aller  six ans plus tard en Italie. Je suis allée m’installer définitivement là-bas », explique cette mère de deux enfants.


En Italie, Yvette Batantu est également secouriste. Elle travaille comme volontaire et ne perçois aucun salaire. « J’ai dédié mon temps et mon énergie à sauver des vies. Je ne gagne même pas 1 Euro », précise-t-elle, tout sourire.


Au cours de la première vague de la pandémie Covid-19 qui a aussi secoué l’Italie, Yvette était affectée dans une région du Nord, où elle donnait régulièrement des soins aux patients « J’ai travaillé dans la province de la Lombardie (région du nord de l'Italie). Je parcourais toutes les communes pour embarquer des personnes atteintes et les transférer aux urgences. Par jour, je prenais au moins 15 personnes à différents endroits pour les conduire aux urgences », explique la secouriste, avant de mentionner quelques difficultés de début. « Durant ma mission dans cette province, je devais garder la même combinaison toute la journée avec des risques d’être moi-même contaminée par la Covid-19. Cela était dû à la crise économique qui avait frappé le pays. Je n’avais pas de temps de repos, les cas devenaient de plus en plus nombreux, il fallait courir dans tous les sens pour sauver des vies. Je quittais mon domicile à 8 heures pour terminer à 21 heures. Nous étions logés dans un hôtel dans cette même province ».


Le travail des secouristes en Italie est-il différent qu'en RDC ? 


Yvette Batantu ne reconnait pas d’énormes différences entre les secouristes évoluant en RDC et ceux évoluant dans son territoire de résidence. Cependant, elle plaide pour la dotation en équipements.« La différence entre mon métier de secouriste à Kinshasa et celui que je pratique en Italie réside dans la qualité des services. Nous avons du matériel adéquats en Italie. Par exemple, à Kinshasa, notre énergie physique suffisait pour transporter des corps et les déplacer. Mais là-bas, nous avons le matériel qu’il faut, des civières, des gants (…) En plus, nos ambulances sont vraiment complètes,», souligne Yvette Batantu. Et de poursuivre, « Nos autorités devraient aussi songer à doter les secouristes de tout le matériel dont ils ont besoin. Tout secouriste à chaque coin de la ville devrait disposer d’un sac de secours. Des ambulances devraient être disponibles dans chaque commune pour prendre en charge les malades ».


Au cours de la cérémonie de remise des médailles du mérite aux Sages-Femmes et Infirmiers, Yvette Batantu a également reçu sa médaille des mains du ministre congolais de la sante, Eteni Longondo. Tout comme le prix reçu en Italie, elle pense que « c’est une récompense pour

 son travail mais en même temps, un honneur pour tous les italiens qui œuvrent en tant que secouristes. » a dit Yvette Batantu. Et d’ajouter, « Quand j’ai reçu l’invitation des organisateurs de cette cérémonie, j’étais très heureuse de savoir que j’allais revenir à Kinshasa, présenter un prix qui m’a été conféré à l’extérieur du pays. Je sais qu’à mon retour, les italiens seront aussi heureux de savoir que le Congo nous a accordé ce mérite. »


En outre, pour Yvette Batantu rien ne l’empêcherait de venir œuvrer dans le secteur de la santé de son pays natal. Elle encourage les jeunes et les femmes à s’engager dans ce secteur et à ceux qui y travaillent déjà à persévérer et être déterminés, car tôt ou tard, ils seront reconnus dignement. 


Pour la deuxième vague de la pandémie qui s’annonce également à Kinshasa, Yvette Batantu Yanzege appelle les familles au « respect des gestes barrières, jusque-là, seule arme contre cette maladie est mortelle ».


Pour rappel, la cérémonie s’est déroulée en juin 2020 en Italie, le président Sergio Matarella a décerné une cinquantaine des prix du mérite aux différentes personnes qui se sont distingués dans leur engagement contre la pandémie Covid-19. Yvette Batantu Yanzege aux côtés de Marco Buono, tous deux bénévoles de la Croix-Rouge de Riccione ont également reçu ces prix d’honneur.

Prisca Lokale