RDC: «Quand vous vous êtes levés, les auteurs ont été arrêtés et la violence a pris fin», à Kavumu Denis Mukwege se rappelle l’affaire de viol des fillettes

Photo d'illustration/ACTUALITE.CD

Lors de sa visite ce vendredi 25 septembre à Kavumu, le prix Nobel de la paix s’est souvenu de l’historique affaire de viol des fillettes dans ce village du territoire de Kabare (Sud-Kivu), dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). 

Entre 2013 et 2016, une quarantaine de filles âgées de 8 mois à 12 ans avait été victimes des viols «systématiques et généralisés» de la part des adeptes de la milice «Jeshi la Yesu » (l’armée de Jésus, en swahili).

«En 2013, c'était la première fois qu'on m'avait amené une fille âgée de 3 ans violée. Quand on est arrivé à 20 fillettes violées, je suis venu ici et j'ai dit où sont passés les hommes pour que les enfants soient violées de la sorte, où sont les hommes pour que les femmes souffrent, c'était en présence du commandant de la police, de l'armée et celui qui représentait le parquet était aussi là. Depuis que ce groupe armé a été arrêté, aucun enfant n'a été violé», s’est rappelé Denis Mukwege qui s’est rendu à Kavumu pour inaugurer des maisons construites par sa Fondation Panzi en faveur des femmes démunies, dont des survivantes de violences sexuelles. 

Le prix Nobel de la paix a salué l’implication des habitants de kavumu dans la répression de ces crimes de masse.

«Le jour où vous vous êtes levés et vous avez dit que c'est la fin, et les auteurs ont été arrêtés et la violence a pris fin», les a-t-il félicités.

Pour lui, si la souffrance persiste dans plusieurs autres endroits, c’est parce que les auteurs n’ont jamais été punis.

«S'il y a tant de souffrances, c'est parce que les malfaiteurs ne répondent pas de leurs actes, ne sont pas poursuivis, l'impunité  bat le plein. Aujourd'hui, quelqu'un peut décider en disant parce que j'ai l'argent, je peux te déloger de ce lieu, la terre héritée de tes parents, il vient, il te déloge et il se tape la poitrine qu'il a l'argent. C’est inconcevable. Il faut que les choses changent, la justice doit prendre compte le pauvre et le riche, la veuve et le marié, orphelins et fils. Nous avons droit à la justice équitable», a soutenu Denis Mukwege. 

Pour lui, la justice est gage de paix et de développement.

«Le problème qu'on a au pays est que l'impunité bat le record. Les tueurs sont connus, personne ne les inquiète, les violeurs nous les connaissons mais parce qu'ils ont des grades, personne ne les inquiètent. Les femmes soyez vaillantes,  levez-vous, celui qui sauve le pays c'est pas parce qu'il est riche, c'est le courage qui dit que je veux me lever, et avec courage de défendre le pays. On ne tue jamais la vérité. C'est la vérité qui amène la paix et la paix amène le développement», a-t-il indiqué. 

Concernant l’affaire Kavumu, le 26 juillet 2018, la justice militaire congolaise a confirmé les onze condamnations prononcées en première instance dans le procès historique d'une vingtaine d'adeptes de la milice « Jeshi la Yesu » (l’armée de Jésus, en swahili), qui étaient accusés de crimes contre l’humanité par viols et meurtres. Lors procès en première instance dont le verdict est tombé le 13 décembre 2017, le député provincial, Frédéric Batumike, chef de cette milice, et 10 de ses coaccusés, avaient été condamnés à la perpétuité après avoir été reconnus coupables de viols constitutifs de crimes contre l’humanité.

Justin Mwamba