Nord-Kivu : une radio décide de suspendre ses diffusions à Nziapanda-Manguredjipa suite aux menaces des miliciens

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La Radio du peuple pour son éducation (RPE), émettant à Nziapanda, à près de 80 Km à l’ouest de Butembo, sur l’axe Butembo-Manguredjipa, dans le territoire de Lubero, a décidé de suspendre, depuis samedi dernier, ses programmes de diffusion suite aux menaces des miliciens Mai-Mai actifs dans la région.

D’après Zéphanie Masumbuko, journaliste à la RPE, cette décision a été prise après l’incursion samedi d’un milicien dans la salle de rédaction. Ce dernier aurait été délégué par le chef milicien Dragon, du groupe Mai-Mai « Congo Ebebi », pour ramener le journaliste qui avait reporté sur le lynchage, la veille, de quatre miliciens dans un village de la région par des populations en colère.

« C’est vers 16 heures de samedi que ce jeune qui se réclamait Mai-Mai s’est infiltré dans la rédaction. Il a indiqué qu’il était à la recherche du journaliste pour qu’ils rejoignent son chef qui était resté dans un poste phonique au centre de Nziapanda. L’ayant pas trouvé, il est rentré. Vers 18 heures, nous avons décidé de couper le signal, parce que nous avons été effrayés par la réaction de ce milicien ainsi que de ses collaborateurs. Nous avons constaté qu’ils circulent librement dans la cité. Si on essaye de s’hasarder, alors qu’on n’a pas de sentinelle à notre studio, on risque sa vie. Nous avons suspendu les activités (le signal) depuis samedi jusqu'à nouvel ordre. Nous souhaiterions que l’autorité locale nous rassure pour notre sécurité », a déclaré à ACTUALITE.CD le journaliste Zéphanie Masumbuko.

Le fonctionnaire délégué du gouverneur de province à Nziapanda regrette cet incident. Julio Monga Mabanga a indiqué à ACTUALITE.CD avoir convoqué ce lundi une réunion extraordinaire de sécurité, à laquelle devrait être associés les responsables de la radio. Objectif : définir, d’après lui, les garanties sécuritaires pour permettre la reprise des émissions à cette unique radio qui émet à Nziapanda.

« A Nziapanda, il n’y a pas d’autres stations de radio. Et quand l’unique radio qui nous aide décide de ne pas émettre, c’est déjà un danger. Car pour une autorité comme moi, pour échanger avec les communautés, c’est toujours la radio qu’on utilise, pour sensibiliser contre l’épidémie, c’est toujours à la radio qu’on recourt pour faire passer le message dans toute la communauté entière. Nous avons proposé une réunion de sécurité restreinte, à laquelle nous allons échanger avec les responsables de la radio », a indiqué à ACTUALITE.CD Julio Monga Mabanga.

Une présence des miliciens qui inquiète

Depuis environ une année, près de quatre groupes miliciens sont actifs dans plusieurs villages situés à cheval entre la chefferie de Baswagha et le secteur des Bapere. Il s’agit du groupe armé « Congo Ebebi » du colonel autoproclamé Dragon basé à Liboyo, en groupement de Bapakombe (Bapere), le groupe de Mille tours qui est en errance, le groupe de l’UPLC basé à Kiregha, en groupement Mwenye (Baswagha) et le groupe de FULC basé à Vinjo, en groupement Manzia (Baswagha).

Le fonctionnaire délégué du gouverneur de province à Nziapanda appelle les autorités à accélérer le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) pour épargner la population du danger que présente la présence des miliciens dans leurs villages.  « Cette situation date déjà d’une année. Malheureusement le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion traîne. La situation que nous traversons ne plait à personne. Cela présente un danger », s'inquiète-t-il.

Claude Sengenya