Le Procureur Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete a requis l’Inspecteur Général de la Police Judiciaire des Parquets de se rendre au siège de l’Association Congolaise des banques (ACB) en vue de procéder aux devoirs d’enquêtes concernant la bancarisation de la paie des fonctionnaires et agents de l’Etat. La police judiciaire est chargée d’obtenir à l’ACB les noms des banques commerciales choisies pour assurer la paie des agents et fonctionnaires depuis la bancarisation jusqu'à ce jour; obtenir également les copies des différents rapports de paies établis par les différentes banques commerciales faisant aussi mention de reliquats reversés sur les comptes du Trésor Public et poser tout acte utile à la manifestation de la vérité.
Dans une réquisition d’information datant du 9 Septembre 2020, le Procureur Général Sylvain Kaluila soupçonne que les phénomènes d’agents fictifs et des doublons n’ont pas été éradiqués en République Démocratique du Congo malgré la bancarisation de la paie décrétée en 2011. Ce phénomène a fait perdre plusieurs milliards des Francs Congolais au Trésor public.
« Depuis toujours le Trésor Public décaisse mensuellement 209.697.774.920 FC pour un effectif de 1.220.458 fonctionnaires et agents de l’État. Donc, une cinquantaine de personnes se partagent mensuellement la somme de 50.200.109.495 FC », explique le Procureur.
Depuis 8 ans, on dénombre encore 133.253 agents fictifs et 43.253 doublons. Toujours selon le rapport du Procureur, 50 personnes se sont partagées la somme de 507.021.105.899 FC du mois d’Aout 2011 au mois de novembre 2019.
Le comité de suivi de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat a été créé par arrêté interministériel signé par les ministres des Finances, du Budget et de la Fonction Publique. Il est composé de 17 membres dont les représentants des ministères précités mais aussi de la Banque Centrale du Congo (BCC). Il est dirigé par Jean-Louis Kayembe, directeur général de la BCC chargé des opérations monétaires.
L’objectif de ce comité est notamment de suivre la bancarisation afin d’éradiquer les agents fictifs et doublons après les rapports de paie des différentes banques commerciales qui sont obligées de signaler les reliquats reversés au Trésor public via le Comité de suivi de la paie dans les dix jours suivant la paie, à travers un sous-compte général créé à cet effet. Jean Louis Kayembe est soupçonné d’avoir créé des comptes parallèles. En janvier 2019, il avait passé une nuit au parquet général de la Gombe après une audition sur un présumé détournement de 4,5 millions USD mensuel de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Blaise BAÏSE