Le tribunal militaire garnison d'Uvira (Sud-Kivu) a condamné ce jeudi 3 septembre, au cours d’une audience foraine à Luvungi, 20 militaires dont la majorité issue de l’unité commando et 1 policier auteurs des viols et violences sexuelles dans la plaine de la Ruzizi de Kamanyola. Ils ont écopé des peines allant de 5 à 20 ans. Les faits réprimés ont été commis entre janvier 2019 et juin 2020.
Au total, 20 dossiers étaient sur la table. Pour certains dossiers, il y avait jusqu’à deux prévenus. Il y a eu 18 condamnations, un acquittement faute des preuves suffisantes concernant le dossier d’un policier et extinction quant au dernier dossier.
« Nous sommes satisfaits des résultats, il y a eu 18 condamnations sur 20 dossiers, un acquittement et on a jugé de l'extinction du dossier étant donné que le prévenu était décédé en cours d'instance. Pour nous, c'est un sentiment de satisfaction de tous côtés de voir que les victimes aujourd'hui obtiennent justice, ce qui est assez rare dans notre pays étant donné la lenteur avec laquelle les dossiers sont traités », a dit Me Aline Bahati, avocat conseil des parties civiles.
Des sentiments de satisfaction aussi partagés par les victimes et leurs proches : « Je suis satisfait de constater qu'on a condamné le bourreau de ma femme à 20 ans de prison. Je remercie la justice qui l'a poursuivi et vient de le condamner », explique le mari d'une victime.
Le seul policier acquitté était basé dans le territoire de Fizi. Ce, après avoir passé une année et 6 mois en prison.
« On m'a arrêté le 4 mars 2019 à cause du viol. Dans la prison d’Uvira, je viens de passer une année et 6 mois. Aujourd'hui, j'ai comparu, la justice trouve que je n'ai rien commis comme viol et vient de m'acquitter. Je suis satisfait », explique Lwamba Lwamba Ngoyi, seul prévenu acquitté.
Pour la partie défenderesse, la justice a dit le droit mais une piste d’interjeter appel n’est pas exclue.
« Dans un état sérieux, la justice est un service public qui doit être rendu régulièrement. Je crois que c'est la loi qui vient d'être appliquée bien que beaucoup de points restent encore à régler. Nous pensons que chaque citoyen a droit à un double degré de juridiction (…). Je ne vous dirai pas que je suis satisfait mais au moins, au degré d'appel, il y a des correctifs qui seront apportés par rapport aux éventuelles erreurs commises par le premier juge », explique Maître Julien Bishikwabo, avocat de la partie défenderesse.
Les condamnés sont également soumis au paiement des dommages et intérêts aux victimes s'étant constituées parties civiles. Lors du verdict, l'État congolais a été reconnu civilement responsable et condamné solidairement avec ses hommes à la réparation des préjudices causés aux parties civiles.
Justin Mwamba