RDC : la gare ferroviaire de la SNCC et les recettes générées assaisonnent aussi le conflit autour de Bakuakenge

Martin Kabuya

Le litige entre les provinces du Kasaï et du Kasaï Central autour de la localité de Bakuakenge devrait être vu également d’un oeil économique. D’après le rapport bimestriel du Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) publié mardi 11 août 2020, les deux provinces convoitent Bakuakenge car elle possède la gare ferroviaire de la Société nationale de chemin de fer du Congo (SNCC) qui génère d’énormes recettes. 

Cette gare facilite l’échange et le transport des marchandises notamment le maïs entre trois provinces. 

“Sur le plan économique, Bakuakenge abrite une gare ferroviaire de la SNCC et constitue un point de passage obligé pour le maïs du Kasaï vers le Kasaï Central, le Kasaï Oriental et la Lomami. Il va sans dire que la gestion de cette localité procure des recettes non négligeables.”, dit le rapport. 

Alors que les divergences étaient vives entre les autorités de deux provinces, le gouverneur du Kasai Central, Martin Kabuya s’était rendu jusqu’à Bakuakenge en mai dernier et avait même visité la gare ferroviaire de la SNCC. Il avait annoncé une mission composée d’experts du ministère de l’intérieur pour résoudre le différend. 

Ce litige a déjà causé 11 morts dans les communautés locales qui cherchent aussi à déterminer leur appartenance. 

“Raison de plus pour que le ministère de l’Intérieur, voire le Parlement, puisse déployer une commission sur place afin de trouver une solution à cette affaire et prévenir d'éventuelles violences intercommunautaires.”, suggère le rapport.

GEC note par ailleurs que “la dispute autour de cette localité démontre comment le découpage des provinces aura amplifié des querelles autour de ces « frontières intérieures » et comment il aura aussi mis en exergue de nouveaux enjeux politico-économiques interprovinciaux.” Un problème similaire est pandant entre les provinces de la Tshopo et du Maniema qui ne s’accordent pas sur les leurs limites. Le sujet du litige qui dure depuis 5 ans est un supposé déplacement de la barrière limitrophe censée délimiter les deux provinces.