Denis Mukwege : « Je vis dans mon hôpital sans pouvoir en sortir sauf lors de mes voyages à l’étranger. Qui a intérêt à m’assassiner ? »

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Dr Denis Mukwege, note que ses différentes prises de position en faveur de la recherche de la paix dans l’est du pays plus particulièrement dans les hauts, moyens plateaux de Minembwe, Uvira et Itombwe (Sud-Kivu) suscite la « haine » de nombreuses personnes qui n’hésitent pas à le menacer de mort.

Dans une déclaration intitulée « Appel à la paix » ce vendredi 31 juillet, il rappelle les précédentes tentatives d’assassinat dont il a déjà fait objet. Il révèle également qu’il vit comme un « prisonnier » dans son hôpital de Panzi afin de préserver sa vie.

« Depuis 2012, après deux tentatives d’assassinat, je continue de recevoir des menaces de mort. Je vis dans mon hôpital sans pouvoir en sortir sauf lors de mes voyages à l’étranger. Qui a intérêt à m’assassiner ? Pourquoi ma recherche de la vérité et mon désir de justice dérangent ? La recherche de la vérité est un processus extrêmement difficile, je comprends que je sois attaqué et menacé par des gens qui ont choisi un camp, ce n’est pas mon cas, mon combat est la disparition de tous les massacres dans mon pays. Chaque massacre est un massacre de trop. Aucune vie n’a plus de valeur qu’une autre. », déclare le Prix Nobel de la Paix.

Le 26 octobre 2012, Mukwege avait été attaqué à son domicile à Bukavu par des hommes armés qui avaient réussi à abattre un policier commis à sa garde. Le gynécologue congolais s’était réfugié alors à l’étranger avant de revenir au service des victimes des violences sexuelles plusieurs mois plus tard.

Le goûte d’eau qui a fait déborder le vase cette fois, c’est la dénonciation de massacre des civils le 16 juillet dernier dans la localité de Kipupu (territoire de Mwenga). Dans un tweet du 26 juillet, Denis Mukwege disait : « Ce sont les mêmes qui continuent à nous tuer. Les comptes macabres de Kipupu sont dans la ligne droite des massacres qui frappent la RDC depuis 1996. »

Le Prix Nobel de la Paix est formel : « Par le serment d’Hippocrate, j’ai décidé de dédier ma vie à aider mon prochain sans distinction de classes sociales, de genre ou d’origines ethniques. Nous continuerons toujours à répondre à la violence par l’amour. »

Et il lance un appel : « Face à ces cycles de violences et de représailles qui ne profitent qu’à ceux qui cherchent à maintenir le chaos dans notre pays pour mieux le piller, nous lançons un appel à la justice, à la coexistence pacifique et à la paix. »

Patrick Maki