Inquiétude autour d'un cadre d'intégration économique RDC-Rwanda: "Depuis le début de la crise, le Chef de l'État s'assure que son action diplomatique ne compromette nullement ce que nous avons comme acquis", réagit Patrick Muyaya

Félix Tshisekedi et Paul Kagame en conférence de presse à Goma

La mise en place d'un cadre d'intégration économique régionale figure parmi les dispositions contenues dans l'accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda sous la médiation des États-Unis. Cette disposition inquiète au sein de l'environnement sociopolitique congolais au regard du rôle de Kigali dans le pillage des ressources naturelles dans l'Est de la RDC.

Au cours d'un entretien avec la presse en marge de son séjour à Rome en Italie, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a tenu à apaiser les congolais qu’il appelle à faire confiance aux autorités du pays qui selon lui, ne vont pas brader les intérêts de la République dans le cadre de ce processus de paix.

"Je crois qu'il n'y a pas raison d'être sceptique parce que le Président de la République depuis le premier jour qu'on est dans ce conflit s'assure que son action diplomatique ne compromette nullement ce que nous avons comme acquis: nos frontières, nos richesses. Qu'on ne vous trompe pas, il ne faut pas oublier que les préalables pour aller vers une intégration économique telle qu'on en parle c'est la paix, la paix durable et la paix définitive et ce sur quoi nous travaillons", a rassuré Patrick Muyaya.

Selon lui, sur la question minière, la République Démocratique du Congo dispose d'une stratégie visant à garantir les intérêts de la population congolaise.

"Nous avons une vraie stratégie sur la question minière. Je peux vous donner l'exemple du programme phare aujourd'hui qui est connu mondialement c'est le programme de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-RDC). En RDC, nous avons donné des preuves suffisantes que nous étions transparents à l'idée de la publication des contrats et à l'idée des différentes stratégies mises en place pour s'assurer de la connaissance de nos richesses et de voir comment nous en disposons", a soutenu le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.

Mercredi 18 juin 2025, les équipes techniques de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda ont paraphé le texte de l'accord de paix, en présence de la sous-secrétaire américaine aux affaires politiques, Allison Hooker, en préparation de la signature ministérielle de l'accord de paix le 27 juin 2025, en présence du secrétaire d'État américain, Marco Rubio.

Cet accord a divisé la classe socio-politique congolaise. Si certains le considèrent comme une avancée, d'autres par contre estiment que signer un accord seulement avec le Rwanda c'est une mauvaise stratégie. Dénis Mukwege considère que les efforts de médiation qui éludent la reconnaissance de l’agression de la RDC par le Rwanda et un processus caractérisé par son caractère opaque et non inclusif, laisse à penser qu’il est à l’avantage de l’agresseur non sanctionné, qui verra ainsi ses crimes du passé et du présent blanchis en «coopération économique».

Lire ici: Pour Mukwege, le futur accord entre Kinshasa et Kigali reviendrait à légitimer le pillage des ressources naturelles, « envisager une intégration économique avec un État agresseur est inconcevable »

Clément MUAMBA