Droit de réponse des Banyamulenge au Communiqué du Capitaine Kasereka, le Porte-parole des FARDC (secteur opérationnel sukola2) sud Sud-Kivu.

Photo ACTUALITE.CD

Nous, Mahoro Peace Association (MPA), la mutualité regroupant la communauté Banyamulenge avons suivi avec attention le communiqué du Capitaine Kasereka, le Porte-parole des FARDC Secteur Opérationnel Sukola 2 sud du Sud-Kivu. Ce communiqué du 18/05/2020 semblait avoir pour objet la crise autour des vaches « volées » par le « groupe armée » dans le village de Kashesha (au nord de Minembwe). Le contenu de ce communiqué a été publié dans l'article posté sur le site l’information actualité.cd ci-dessous :

https://actualite.cd/2020/05/18/sud-kivu-larmee-constate-la-complicite-des-leaders-locaux-dans-les-conflits-minembwe)

Selon le Capitaine Kasereka, 90 vaches appartenant à la communauté Bafuliro ont été volées par le groupe Twirwaneho et les FARDC ont entamé de discussions pour rétablir dans leurs droits les propriétaires de ces vaches. 

Ce communiqué poursuit l’incrimination de toute la communauté Banyamulenge vivant dans le Secteur opérationnel Sukola2 ; ce qui est considéré comme une provocation. 

A la suite de cette déclaration inopportune, Mahoro Peace Association tient à préciser ce qui suit :  

1. Twirwaneho n’est pas un groupe armé mais plutôt un groupe d’auto-défense qui s’est spontanément créé à cause de l’absence d’un état de droit, de l’insécurité de la population et de l’incapacité de l’armée nationale (les FARDC) de protéger les populations civiles et leurs biens des hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga ;  

2. La crise récente que connaît les localités de Minembwe, Itombwe, Kamombo et Bijombo vient de faire 3 ans consécutifs et s’est accentuée d’une manière inimaginable depuis février 2019. Depuis l’année passée, les populations Banyamulenge de cette contrée du pays (Minembwe, Mikenke et Bijombo) font face à des attaques régulières et sont assiège. La communauté Banyamulenge a déjà enregistré de centaines de personnes tuées, des centaines de villages, des champs incendiés, et particulièrement plus de 125.000 vaches razziées par les groupes armées. L’attaque du 28 avril 2020 à Kawera (un village de Minembwe cité dans le communique de Kasereka) a emporté plus de 200 vaches ;

3. Cette forme de razzia des villages Banyamulenge, est devenue systématique ; des éléments et même des officiers FARDC sont activement impliques depuis février 2019. Les FARDC ont ouvert des corridors pour laisser passer les bétails Banyamulenge emportés par des Mai-Mai et leurs alliés (rebelles Burundais, Red Tabara, Forebu, FNL) opérant dans la région ; 

4. Toutes les vaches razziées ont été acheminées en plusieurs directions dont Lulenge, Itombwe, Mutambala… ; et bizarrement, aucun communiqué ni déclaration des FARDC n’a été lu ni partagé par les Médias Sociaux ;

5. De surcroit, les vaches razziées sont soit dans les mains de leurs assaillants à Lulenge, Itombwe, Mutambala et ailleurs ou vendues sur plusieurs marchés de la région au su et au vu de tous les services de sécurité, les autorités administratives et politiques. Et d’ailleurs, certains habitants de Minembwe ont reconnu leurs vaches parmi ceux qui font l’objet du communiqué du Capitaine Kasereka.

Quand il s’agit des Banyamulenge les FARDC restent bouche cousue (peu importe le nombre des vaches razziés, les femmes violées et tuées par les miliciens Mai-Mai et leurs alliés). 

Les Banyamulenge sont particulièrement visés par la crise des hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga. La crise actuelle est meurtrière et a déjà fait des lourdes pertes en vie humaine. Rappelons qu’en date du 18 avril 2020, deux femmes et un homme ont été tué, leurs corps sans vie mutilés ont été retrouvés dans un périmètre de moins de deux kilomètres de la position des FARDC. 

Dans un contexte où les Banyamulenge assiégés à Minembwe ne peuvent plus accéder à leurs champs dans un périmètre de moins de 5 kilomètres, ces victimes ont été froidement abattu par les Mai-Mai alors qu’elles étaient accompagnées par les éléments de l’armée nationale ;

Comme si cela ne suffisait pas, en date du 12 Mai 2020, une femme et un homme ont été tués par des présumés Mai-Mai dans les environs de Minembwe alors qu’ils se dirigeaient au marché local pour se procurer à manger. Il s’avère que maintenir Minembwe assiègé, c’est la stratégie de guerre utilisée actuellement;  Ce 17 Mai 2020, un homme de 80 ans a été battu à mort par des jeunes de la région de Mutambala/Kafulo après qu’ils aient tué une vingtaines de ses vaches et grièvement blesser 80 autres (comme qui dirait qu’elles n’auront plus la chance de survivre de ces blessures) ; 

Les incidents malheureux de ce genre sont multiples dans les hauts plateaux d’Uvira, Fizi et Mwenga.

Au vu de ce qui précède, Mahoro Peace Association (MPA).

  • Demande des explications au Secteur Opérationnel Sukola 2 de la sortie médiatique pour un cas isolé (véritable fuite en avant) dont l’issue pourrait indiquer où se trouverait les vaches razziées par complicité des éléments de l’armée nationale ;
  • Réitère son caractère pacifique et demande à l’armée nationale de tout mettre en œuvre en vue d’identifier et de remettre les vaches razziées aux vrais propriétaires ;
  • Exige de l’armée nationale (FARDC), la Province du Sud-Kivu ainsi que le Gouvernement Congolais de rassurer la population Banyamulenge dans les Hauts Plateaux que l’Etat congolais reste impartial et peut assurer la protection aux les personnes et leurs biens sans distinction aucune ;
  • Exigeons à l’armée nationale de remplir sa mission de base équitablement qui est celle de protéger tous les citoyens, toutes communautés et leurs biens d’une manière égale. Dans le contexte actuel, des paisibles citoyens sont dépourvus et appauvris alors que les voleurs de leurs biens sont protégés par les autorités ; 

Pour Mahoro Peace Association.

Madame Adele Kibasumba (Presidente)