RDC: libéré après 14 ans de prison, Lubanga clame toujours son innocence et se considère comme un cobaye de la CPI

ACTUALITE.CD

Une messe d’action de grâce a été organisée ce dimanche à la Paroisse Notre Dame de Fatima, à Kinshasa, à l’occasion de la mise en liberté de Thomas Lubanga, président et un des membres fondateurs du groupe armé Union des patriotes congolais (UPC), 14 ans après son incarcération.

Devant les membres de la famille, les militants et d’autres proches, Papy Serge Mayamba, un des avocats de Thomas Lubanga et membre de son parti, l’a présenté comme une victime et un innocent. 

Pour lui, le président de l’UPC était un cobaye « pour l’expérimentation d’une institution nouvellement créée, la CPI ». Après 14 ans derrières les barreaux, un moment particulièrement douloureux, a t-il ajouté, Thomas Lubanga ne se reproche de rien jusqu’à ce jour. 

Selon lui, cet ex-chef de guerre était victime de faux témoignages. Il a cependant remercié ses conseils, ses avocats qui l’ont défendu « malheureusement, sans être entendus parce que la satisfaction de certains intérêts a rendu la Cour sourde et aveugle devant les arguments et preuves brandis par ses savants du droit ». 

Pour lui, la vie de Thomas Lubanga se rapproche à quelques millimètres près de celle de Nelson Mandela qui doit maintenant «  tourner ces quelques pages sombres ».

Contexte

Ancien chef de guerre, il avait été déclaré par la Cour Pénale Internationale (CPI), le 14 mars 2012, coupable des crimes de guerre consistant en l'enrôlement et la conscription d'enfants de moins de 15 ans, et le fait de les faire participer activement à des hostilités (enfants soldats). Le 10 juillet 2012, il avait été condamné à une peine totale de 14 ans. Le verdict et la peine avaient été confirmés par la Chambre d'appel le 1er décembre 2014. 

Thomas Lubanga avait finalement été transféré le 19 décembre 2015 à Kinshasa afin de purger sa peine d’emprisonnement.

Dans son verdict de culpabilité de Thomas Lubanga le 14 mars 2012, la Chambre de première instance I de la CPI avait conclu qu’entre le 1er septembre 2002 et le 13 août 2003, la branche armée de l'UPC/FPLC a procédé au recrutement généralisé de jeunes gens, dont des enfants de moins de 15 ans, de manière aussi bien forcée que « volontaire ». De multiples témoins ont rapporté de façon crédible et fiable que des enfants de moins de 15 ans étaient recrutés « volontairement » ou de force au sein de l'UPC/FPLC, puis envoyés soit au quartier général de celle‐ci à Bunia soit à ses camps de formation militaire sis à Rwampara, Mandro et Mongbwalu, notamment. Des éléments de preuve vidéo montrent clairement que des recrues âgées de moins de 15 ans se trouvaient au camp de Rwampara. Les éléments de preuve démontrent que dans les camps militaires, les enfants suivaient des régimes de formation très durs et subissaient divers châtiments sévères.