Au Nord-Kivu, la population de Mutwanga, dans le secteur Ruwenzori (Beni) ne cache pas son hostilité vis-à-vis des casques bleus qui, selon elle, sont inactifs face aux attaques récurrentes des combattants d’Allied democratic forces (ADF) dans la région.
Mercredi en conférence hebdomadaire des Nations Unies à Kinshasa, le porte-parole militaire de la MONUSCO avait reconnu l’aversion de la population de Mutwanga à l’endroit de la force de la mission.
« C’est vrai, nous avons eu des rumeurs que des groupes armés étaient en déplacement pour venir dans la [zone] de Mutwanga. Dans le même temps, les populations ne sont pas vraiment disposées à accueillir la Force de la MONUSCO dans la zone. Je crois qu’il y a plutôt un travail de sensibilisation à faire à la base : expliquer le rôle de la MONUSCO, le rôle de nos forces et dire pourquoi est-ce que nous sommes là. C’est dire que nous sommes là pour protéger les populations civiles. C’est le travail qu’il faut faire d’abord en amont pour instaurer un climat de confiance entre ces populations et la Force de la MONUSCO. », avait dit le Lieutenant-colonel Claude Raoul Djehoungo.
La population accuse les casques bleus de « complicité » avec les rebelles ADF car selon elle, les « soldats de paix » n’agissent aucunement pour prévenir ou empêcher les tueries.
« La population conteste la présence de la MONUSCO à Mutwanga compte tenu de la situation des massacres que nous traversons. La population accuse la MONUSCO de complicité avec les rebelles. Les incidents qui se produisent actuellement à Mutwanga sont pareils à ceux qu’on a vécus à Beni lorsqu’il y a eu soulèvement et incendie du bureau de la mairie. La population ne veut plus de la présence de la MONUSCO. En date du 17 au 18 février 2019, il y a eu massacres à Halungupa et la MONUSCO ne s’était pas vraiment investie pour empêcher. En date du 28 au 29 février il y a eu encore massacre des 5 personnes toujours dans la localité de Halungupa. Il faut une implication directe de la MONUSCO dans les opérations. », a expliqué à ACTUALITE.CD Paluku Batoleni, président de la société civile de Mutwanga.
Cette répulsion des troupes de l’ONU rappelle les vives manifestations populaires qui ont eu lieu fin 2019 contre la MONUSCO et ses troupes dans la région de Beni. La population exacerbée par les massacres qui dure depuis plus de cinq ans accusait la mission d’inaction et de complicité et voulait à tout prix son départ. Des milliers de civils ont été tués depuis octobre 2014 dans la région de Beni par la rébellion ADF présente sur le sol congolais depuis 1995. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) qui mènent les opérations contre les rebelles affirment avoir conquis depuis octobre dernier des bastions importants qui permettaient notamment la formation des combattants. Mais ces derniers qui mènent la guerre asymétrique ont étendu les actions belliqueuses jusqu’en Ituri où ils ont tué au moins 50 personnes en février dernier dans les territoires de Mambasa et d’Irumu.
Patrick Maki