Cinéma. Heart of Africa, quand les kinois paient pour regarder un film congolais 

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« J’avais déjà regardé quelques films de Tshoper. J’avais déjà vu des annonces au sujet de Heart of Africa et je m’étais dit que c’est un acte quasiment de militantisme culturel que de venir aujourd’hui assister à la projection de ce film », dit Jeannot qui regarde fièrement le ticket-bracelet autour de son poignet et les pas pressés sur le tapis rouge. 

Il a payé le prix fort: 50 dollars américains pour participer à l’avant-première du long métrage réalisé par Tshoper Kabambi. Ils n’étaient pas le seul. Dans cette salle du Showbuzz, une centaine de personnes avaient fait le déplacement ce samedi bravant le kilomètre d’embouteillage provoqué par la construction du saut-de-mouton de l’avenue Colonel Mondjiba. 

« Le cinéma, c’est notre miroir. A travers le cinéma, nous pouvons remonter la pente. C’est une question prioritaire. Nous devons exister à travers le cinéma. Regardez nos mariages, notre habillement est marqué par le cinéma nigérian. Prenons exemple sur le Nigeria et la RSA. Nous devons valoriser notre culture, notre cinéma et développer une vraie industrie »,  a d’entrée de jeu déclaré Henry Kalama, directeur général de l’Académie des beaux arts, du haut du podium avant la projection. 

Sentiment partagé par le député Patrick Muyaya, féru du cinéma, qui a félicité et encouragé ceux qui avaient payé pour suivre cette projection. 

« Moi-même, je rêve d’une carrière d’acteur. Je pense déjà à ma reconversion. Le cinéma donne de la valeur au pays. Le côté culturel devrait être le plus puissant. Nous ne savons pas honorer nos génies. Avant que les festivals n’honorent ce film, nous devons honorer ces acteurs. Regardez Didier Ndenga, à l’avant-première de River Hotel à Kinshasa, il n’y avait pas autant de monde que le jour de ses funérailles. C’est bien triste. Nous devons honorer nos génies », a t-il ajouté.

L’intensité du scénario, la qualité de l’écriture et le jeu des acteurs dont le célèbre Moyindo Mpongo dans le rôle de Ngandu - qui s’était déjà illustré dans Ndakisa -  ont séduit le long de la projection. La critique a relevé d’ailleurs, dommage, que la salle ne soit pas adaptée pour apprécier la qualité technique du film tourné en 4K. 

« On nous a toujours reproché de sur-jouer les rôles. Et ce n’est pas le cas pour le film ici (…) Je vous remercie pour le travail. Je n’imagine pas tous les moyens mis en place. Bravo et nous sommes prêts à soutenir et accompagner parce que ce film raconte notre histoire », s’est réjoui Henry Kalama.

Heureux et ému, le réalisateur a plaidé pour davantage de soutien à l'industrie du cinéma congolais.

« On ne veut plus faire des films et manquer d’argent après. Je remercie tous les partenaires et tous ceux qui soutiennent notre cinéma. L’économie du cinéma doit tourner pour nous permettre de faire des films. C’est important de faire des films comme on le veut. On est de cœur avec les gens de Beni. Tout est parti d’une histoire vraie. C’est arrivé au Sankuru, à Lodja. Le Congo a tellement d’histoires à raconter, avec notre pays, notre diversité culturelle, on peut produire au moins 500 films par an », a pour sa part dit Tshoper Kabambi à la fin de la séance.

D’autres projections sont prévues les 21 et 22 au centre Culturel Boboto. Le film est également programmé au Cinekin tous le mois de mars. 

Heart Of Africa a été projeté au Ghana au Black Star International Film Festival, où il était nominé dans la catégorie «Africa Rising», et au Nigéria au Abuja International Film Festival, où il a remporté le «Golden Jury Award». " Il a été désigné finaliste au Festival international du film L'Age d’Or et nominé pour le «Golden Dragon Award» au Festival international du film de Druk, tous deux en Inde.

Heart of Africa a été également sélectionné officiellement dans plusieurs autres festivals dont le Green Mountain Christian Film Festival à Vermont (USA), le Festival du film de Benin City au Nigéria, le Festival international du film panafricain du lac au Kenya, le Festival international de musique et de film de Malabo en Guinée équatoriale, Red Lion: Festival international du film sud-africain, le festival du film LDS de Utah (USA), le Pan African Film Festival à Los Angeles. Le film a également reçu un prix de mérite dans la compétition mondiale de cinéma Accolade dans deux catégories: long métrage et religion / éthique

Synopsis 

Gabriel Ngandu est un jeune congolais fuyant les terribles erreurs de son passé. Son voyage le conduit à de nouvelles expériences et même à une nouvelle religion qui remet en question les croyances de longue date concernant son destin et le monde qui l'entoure. Il se trouve déchiré entre les influences et les attentes de deux figures paternelles très différentes - Mwabila, son chef révolutionnaire, et le président Kabasubabu, son nouveau chef religieux. Appelé à servir comme missionnaire, il est renvoyé dans son village natal pour construire un orphelinat avec Jason Martin, un Américain qui a également un passé tragique et secret. Ensemble, ils peinent à comprendre et à surmonter leurs histoires, leurs cultures et leurs préjugés pour servir les gens qui les entourent.

Pris entre l'inimitié ou la réconciliation, la vengeance ou le pardon, l'intolérance ou la compréhension, ils commencent à voir le potentiel d'un avenir meilleur et plus pacifique pour eux-mêmes et pour le Congo. Les mondes entrent enfin en collision lorsque des explosions secouent le nouvel orphelinat et Kabasubabu est kidnappé par les révolutionnaires de Mwabila. Gabriel est confronté au choix entre les deux mondes différents de ces figures paternelles. . . ou trouver son propre chemin vers un nouveau monde inspiré par la compréhension et la rédemption.