Dans un rapport publié le 20 décembre 2019, le Groupe d’experts de l’ONU affirme qu’il a établi que les milices lendu avaient contraint la population lendu à contribuer financièrement à l’effort de guerre dans plusieurs endroits, notamment à Ndr’li, Andri, Ndjalo et Jiba, par l’intermédiaire de taxes ou de pourcentage prélevé sur les marchandises.
« Les civils lendu qui ne soutenaient pas les milices s’exposaient à des représailles. Un chef lendu a admis que les civils lendu qui dénonçaient les Assaillants faisaient l’objet de représailles et s’exposaient à d’autres risques. Une autre source lendu a dit qu’il était essentiel d’avoir un comportement neutre . Sept sources ont expliqué qu’un prêtre lendu avait été enlevé à Jiba et séquestré du 4 au 7 juin 2019 en raison de son opposition au mouvement. Deux sources ont confirmé que la population lendu était prise en étau entre les milices et les FARDC », notent les experts de l’ONU.
Une source Lendu a dit au Groupe que le 15 septembre 2019 des hommes armés, qui se sont présentés comme étant des représentants du « Chef Ngudjolo » et qui ont expliqué que leur objectif était d’expulser les FARDC des terres Lendu, l’ont forcé à payer 1000 Francs congolais. Chaque famille de Ndr’li et Andri, près de Linga, a dû s’acquitter de cette taxe. D’après une autre source Lendu, citée par la même source, le mouvement de Ngudjolo a taxé la population, contrôlé les marchés autour du Lac Albert, Njalo et Jiba et a pris des pourcentages sur les biens. Le mouvement a forcé chaque village de cette zone à s’acquitter de 35 000 Francs congolais par mois et a délivré un reçu aux chefs de villages. Le mouvement a aussi érigé des barrières à Njalo et y a demandé entre 200 et 500 Francs congolais par personne. Deux sources Lendu ont aussi dit au Groupe que les milices pillaient la population Lendu
Le Groupe d’experts a constaté que les populations lendu n’étaient pas non plus en sécurité avec certains membres des FARDC.
Il explique que militaires « déployés sur le territoire de Djugu avaient commis des exactions contre la population civile.
« De nombreuses sources indépendantes ont déclaré que les forces de sécurité congolaises déployées sur le territoire de Djugu considéraient l’ensemble de la population lendu comme des Assaillants. Un haut gradé des FARDC a professé au Groupe d’experts que toutes les communautés lendu soutenaient les « Assaillants » et un autre que les Lendu étaient vraiment paresseux », ajoute le rapport.
Le groupe d’experts rapportent des témoignages accablants sur le plan des droits de l’homme.
« Selon sept sources, dont quatre témoins oculaires, des soldats du 3201e régiment des FARDC basés à Jiba et des combattants de Ngudjolo se sont affrontés à Jiba en juillet 2019. Les témoins oculaires ont vu les FARDC incendier et détruire environ 25 maisons, forçant la population à fuir le village (voir annexe 31). Deux témoins oculaires ont signalé qu’il n’y avait pas de combats lorsque les FARDC ont incendié les maisons. L’un d’eux et un autre témoin oculaire ont déclaré qu’il s’agissait de représailles pour le meurtre d’un soldat ou d’un éclaireur des FARDC », explique le groupe d’experts ».
Le Groupe d’experts se félicite cependant des mesures prises par les FARDC et la communauté lendu pour améliorer leurs relations et par la justice militaire pour enquêter sur les crimes commis sur le territoire de Djugu, y compris par des membres des FARDC.
Pour aller plus loin: RDC: Avec des fusils d’assaut, les tueurs de Djugu présentent un certain niveau de coordination, d’organisation et de planification (ONU)