Ituri : le député national Gracien Iracan veut interpeller le VPM de l’Intérieur après que la police a empêché les élus provinciaux à accéder à l’hémicycle

Photo ACTUALITE.CD.

Le député national Gratien de Saint-Nicolas Iracan a réagi, mercredi 20 novembre 2019, après la déchéance du gouverneur de l’Ituri, Jean Bamanisa Saïdi, suite à une motion de défiance. Le député Iracan a condamné le fait que la police ait empêché les députés provinciaux à accéder à l’hémicycle afin d’examiner la motion de défiance contre le gouverneur.

La barrière de la police a conduit les élus provinciaux à siéger de manière inappropriée, en dehors de la salle de plénière avant d’aboutir au vote de la motion. Le député national élu de la ville de Bunia dénonce la violation des textes régissant l’organe délibérant et promet d’interpeller le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur à propos de rôle des forces de l’ordre.

« Nous reprochons des violations graves des textes légaux. On ne peut pas empêcher les députés provinciaux de pouvoir accéder dans une salle de plénière ou à leur lieu de travail. Ils ont des immunités. Le président de l’Assemblée provinciale a même été agressé, bousculé. On les a chassés comme s’ils étaient des petits enfants de la rue. Mais quand même il faut un minimum de respect pour les élus du peuple et, avec ça, nous allons où quand un général de la police peut s’interposer pour faire du n’importe quoi. Les 17 signataires de cette motion ne sont pas quand même des petits enfants ou des fous. Et s’ils ont signé cette motion, ils savaient que les faits reprochés au gouverneur sont réfléchis. Et si le gouverneur savait qu’il ne se reproche de rien dans la gestion, il devait se présenter normalement et venir répondre aux questions. Parce qu’on n’a pas dit que toute motion pourrait aboutir à la déchéance. On pouvait lui donner la chance de se défendre parce que c’est dans le cadre de contrôle parlementaire », a dit à ACTUALITE.CD, le député Gratien Iracan.

Et d’ajouter : « Personnellement, je vais interpeller le ministre national de l’Intérieur sur la gestion de la police. La police, l’ANR, elles ont joué un rôle négatif dans le déroulement du processus démocratique. Ce qui s’est passé là est extrêmement grave. On ne peut jamais violer les enceintes de l’Assemblée provinciale ou nationale. Nous allons aussi initier les démarches pour que le général Henri Kapend, qui travaille en Ituri, puisse quitter. On ne peut pas prendre une grande province comme l’Ituri en otage. C’est grave, nous devons être exemple et modèle en appliquant la loi. Si les députés provinciaux ont trouvé qu’il faut changer le gouverneur, maintenant, il faut qu’il y ait un bon départ pour que l’on progresse ».

M. Iracan qualifie de « sabotage » le fait que gouverneur de l’Ituri ait « refusé » de se présenter à la plénière pour se défendre. 27 députés provinciaux sur les 28 présents ont voté la déchéance du gouverneur Bamanisa. Dans la soirée, la police a scellé le bureau administratif de l’organe délibérant qui a servi de cadre pour le vote de ladite motion, signée par 17 députés et déposée lundi dernier au bureau de l'organe délibérant.

Les députés provinciaux reprochent à Jean Bamanisa, entre autres, l’opacité dans la gestion de fonds du gouvernement central en faveur des déplacés de Djugu, l’achat de 10 véhicules à la police pour un montant exorbitant, la vente des 12 lingots d’or confisqués par la justice militaire au profit de l’Etat congolais, le mauvais entretien des routes et la violation intentionnelle d’un accord avec les pétroliers.

Et ce jeudi 21 novembre, le gouverneur Jean Bamanisa et le président de l’Assemblée provinciale de l’Ituri, Banga Tshombe Siméon, ont été convoqués à Kinshasa par le vice-Premier ministre de l’Intérieur pour consultation.

Berith Yakitenge