L’organisation de la société civile Agir pour des Elections Transparentes et Apaisées (AETA) a réagi par rapport à la proposition faite mercredi par le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Georges Kapiamba, à Félix Tshisekedi, de convoquer de manière anticipée (en mars 2020) les élections législatives afin de renouveler le parlement majoritairement composée des élus FCC. L’objectif serait d'après Kapiamba, de dissiper les tensions actuellement vives entre le FCC et CACH, deux plateformes au pouvoir.
Pour Gérard Bisambo, coordonnateur de l’AETA, la position de l’ACAJ est une simple déclaration qui pourrait être qualifiée de politique et tendancieuse.
« Il est important de noter que les élections ne se décrètent pas comme peut être programmé un voyage. Les élections s'organisent sur base d'un cadre légal. Le droit électoral est l'un des référentiels incontournables de la crédibilité, la pertinence et la légitimité des élections. S'il y a une opportunité constitutionnelle, surtout que les institutions au niveau national ont été légalement et démocratiquement mises en place à la suite des élections, qui autoriserait une telle option, cela serait faisable. Encore qu'il faille être important d'évaluer la gravité du problème qui conduirait à une telle grande décision. Sinon, on prendrait une décision politique qui nécessiterait, de ce fait, un consensus entre parties prenantes. Ici on reviendrait à l'idée d'un dialogue dont le non-dit serait la remise en question des institutions en place. A mon humble avis, une telle option parait une simple déclaration qui courerait le risque d'être qualifiée de politique et tendancieuse pour qu’elle ne résiste pas face aux exigences de la science électorale » a-t-il affirmé à ACTUALITE.CD.
Le coordonnateur de l’AETA évoque aussi la crédibilité des membres de la CENI qui sont hors mandat et dont les dirigeants entre autres sont président Corneille Nangaa sont sous sanctions des USA pour corruption.
« Aussi faudrait-il se demander si les préalables technico-opérationnels sont à ce jour réunis pour aller dans ce sens. Il s'agit des problématiques de la CENI avec comme corollaire les imputations des corruptions et détournement qui pèsent sur ces animateurs, des réformes électorales à engager, des moyens financiers devant couvrir l'organisation de ces élections, de la sécurité dans certaines provinces, etc.». a ajouté Gérard Bisambo.
En formulant la proposition, Georges Kampiamba indiquait : « Pour ne pas bloquer le fonctionnement de l’Etat, puisqu’avec ces querelles récurrentes rien ne pourra marcher, nous recommandons déjà au Président de la République d’envisager, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions de la République, la possibilité de convoquer des élections législatives nationales de manière anticipée. Ces élections peuvent être organisées au plus tard au mois de mars de l’année 2020 ».
Contexte
La tension est encore vive entre le Front Commun pour le Congo (FCC) et Cap pour le Changement (CACH). Les discussions entre les deux camps sont même interrompues, à en croire Jean-Marc Kabund, coordonnateur de la plateforme présidentielle, après la vidéo montrant des jeunes arborant la bannière du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) qui brûlent une effigie de Félix Tshisekedi, à Kolwezi. Néhémie Mwilanya, coordonnateur du FCC, a lancé un appel au calme et appelé les leaders politiques à plus de responsabilité. Pour sa part, Richard Muyej, gouverneur du Lualaba, a annoncé une rencontre avec les auteurs de ces actes. De son côté, Jean-Marc Kabund n’attend lui que les responsabilités soient établies. De son côté, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a décidé d’envoyer incessamment une délégation gouvernementale à Kolwezi pour s’enquérir de la situation.
Thérèse Ntumba