A deux jours de la rentrée scolaire 2019-2020 qui consacre la gratuité de l’enseignement de base en RDC, les parents d’élèves ainsi que les écoles elles-mêmes disent toujours être en attente d’une assurance, de la part du gouvernement, qui garantirait l’effectivité de cette gratuité. Ce vendredi 30 août, ACTUALITE.CD a sillonné dans quelques écoles de la ville de Kinshasa afin de se rendre compte des préparatifs de la rentrée. Les inscriptions sont déjà clôturées dans la majorité des écoles.
Il est 11h15 heures locales, direction Ecole Sainte Anne dans la commune de la Gombe. Devant le bureau du directeur, qui est encore fermé, Mado Ngandu, la quarantaine, est venue vérifier le nom de sa fille qu’elle avait déjà inscrit. Dès l’annonce de la gratuité de l’enseignement de base, Mado, qui avait déjà payé une partie des frais pour son enfant, était aussitôt venue réclamer cet acompte mais succès.
« Ils m’ont dit de passer plus tard parce que rien jusque-là ne rassure les écoles de la gratuité de l’enseignement », déclare Mado, qui ajoute, « Mais je leur donne raison, et si l’Etat changeait d’avis ! Ils doivent être sûrs que leur argent sera remboursé avant de nous remettre le nôtre. Je leur donne le temps qu’il faut pour qu’ils s’entendent avec l’Etat et je ferai le nécessaire de mon côté ».
A la même école, sur un banc placé dans la cour, Safi est assise avec son enfant qu’elle est venue inscrire en dépit de l’annonce de la clôture des inscriptions.
« J’étais en voyage et je n’ai pas pu inscrire mon enfant à temps, je suis venue avec tous les frais parce que je ne crois pas à cette histoire de gratuité, pour qu’il accepte mon enfant en 3ème primaire », confie-t-elle.
Au lycée Bosangani, les inscriptions sont aussi clôturées, et c’est le calme sur la cour scolaire. Non loin de là, nous avons rencontré Adolphine, qui venait d’inscrire son enfant en première primaire, il y a deux semaines. Cette jeune mère dit ne pas avoir l’intention d’aller réclamer les frais qu’elle a payés pour sa petite fille.
« Pourquoi je devrais aller les demander ? Si l’école a confiance aux autorités du pays qu’elle nous appelle pour nous rendre notre argent, ce n’est pas à moi de faire le premier pas. J’ai payé, et j’attends la rentrée pour envoyer mon enfant à l’école », explique Adolphine.
La situation est similaire à l’école primaire Saint Pierre, où les inscriptions ont officiellement pris fin. Mais officieusement, cet établissement continue à inscrire les nouveaux élèves moyennant 10.000fc. C’est ce qu’a déclaré une maman trouvée sur place.
« Je suis là depuis ce matin, ils m’ont obligé de payer 10.000fc pour inscrire mon fils parce que je suis venue en retard, et pourtant l’école primaire est maintenant gratuite. Mais je n’ai pas de choix, je vais leur donner cet argent », dit-elle.
L’école Boboto a déjà fermé ses portes aux inscriptions qui n’étaient pas gratuites, et n’attend que la rentrée. L’école primaire Notre dame de Fatima, quant à elle, n’est pas concernée par la gratuité puisqu’elle est privée.
Le syndicat national des écoles conventionnées catholiques (Synecat), pour sa part, demande au gouvernement de convoquer, dans un délai d’un mois, une commission paritaire qui devra aboutir à la détermination du barème salarial des enseignants des écoles concernées par la gratuité de l’éducation de base en RDC.
Un courrier du Secrétariat général du ministère de l’enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP), datant du 27 août dernier et adressé aux directeurs provinciaux du sous-secteur de l’éducation, renseigne que seuls 15 000 enseignants sur 132 614 non payés seront pris en charge dès le mois d’octobre prochain.
Lors de la table ronde sur la gratuité de l’enseignement de base tenue du 22 au 24 août, les participants ont fait un certain nombre des recommandations au gouvernement. Il s’agit de la prise en charge des enseignants non payés et nouvelles unités, l’amélioration des salaires de tous les enseignants, l’octroi d’une prime de diplôme aux enseignants d’école technique et professionnelle, la généralisation et revalorisation des frais de fonctionnement dans toutes les écoles concernées par l’éducation de base ainsi que les bureaux gestionnaires, la valorisation de la prime d’itinérance des inspecteurs, et enfin la restauration de la prime de brousse au profit des enseignants des milieux ruraux.
Thérèse Ntumba