Trois journalistes sont déjà morts à Beni de l’épidémie d’Ebola, déclarée depuis début août 2018, dans cette région du Nord-Kivu. Les journalistes de Beni qui ont donné le décompte se sont mobilisés, ce jeudi 25 juillet, pour demander aux autorités impliquées dans la riposte à revoir les stratégies en vue d’arriver à bout de cette maladie qui a déjà fait 1 743 morts.
« Les failles que nous avons remarquées, c’est surtout sur le plan communicationnel. Quand la population ne comprend pas bien le message, elle résiste, et elle meurt. Il faut beaucoup plus corriger la communication, expliquer la maladie et ses conséquences mais aussi sur le plan de comportement, nous voyons comment les agents de la riposte se méconduisent dans la cité. Il faut un peu de respect à la communauté », a expliqué Mustafa Mulonda, responsable de la radio La Voix de l’Université Officielle de Semuliki.
Début juillet, Mbusa Nyamwisi, un des leaders de la région de Beni qui a apporté sa contribution dans la lutte contre Ebola, avait annoncé que des failles communicationnelles dans la riposte. Mais en plus de cela, les journalistes de Beni veulent une coercition de la part des autorités.
« Dans les CTE (centres de traitement d’Ebola), vous allez vous rendre compte que la ville est devenue l’épicentre de la maladie. Donc nous devons faire attention. Les autorités du secteur en commun doivent être plus coercitives, dans une voiture en commun on peut compter jusqu’à huit passagers. Dans une situation épidémiologique ce n’est pas normal », a ajouté M. Mulonda.
Les journalistes mobilisés au nombre d’une dizaine vont remettre leurs recommandations aux autorités en vue de juguler l’épidémie.
« La population de Beni est en train d’être décimée par l’épidémie, un an c’est trop. Nous journalistes nous sommes également victimes de cette maladie. Nous avons perdu les animateurs de nos radios, voilà pourquoi nous manifestons notre chagrin parce qu’il y a assez de morts. Nous allons remettre nos recommandations à travers un mémorandum aux autorités locales et de la riposte. C’est toute la ville qui est touchée », a pour sa part dit Nzanzu Maurice, directeur de la radio Rwanzururu.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l'épidémie d’Ebola en RDC une urgence sanitaire de « portée internationale ». La Banque mondiale a annoncé mercredi la mobilisation de 300 millions de dollars pour accroître son soutien à l’intervention mondiale contre l’épidémie.