« Elle tamisait la farine quand elle a reçu une balle », témoignage de la mère d'une des victimes de l’attaque à Turunga, près de Goma

Photo ACTUALITE.CD.

Au moins trois personnes ont été tuées et d’autres blessées, lors d’une attaque d'hommes armés, mardi soir 23 juillet, à Turunga, village situé en territoire de Nyiragongo, près de la ville de Goma.

« Il y a eu incursion des hommes en uniforme qui voulaient piller des téléphones dans une maison de charge téléphone. Avant d'opérer, ils ont décidé d'ôter la vie au propriétaire, le jeune Jean Marie. Ils ont opéré pendant plus de 40 minutes sans qu'il y ait même une présence de la police. Ils ont réalisé leur projet criminel comme s'ils avaient droit de le faire. Cela explique qu’entreprendre dans ce pays c'est se sacrifier pour mourir. Parce que ce jeune garçon qui a voulu entreprendre pour son autonomisation, aujourd'hui se trouve en être victime. C'est très regrettable. Voilà encore une fillette qui pourrait être demain l'espoir de ce pays vient de mourir. Il y a aussi un enfant qui était mort au marché. Il vendait ses petits sachets. C'est très regrettable. On ne sait pas si l'armée, l'État existe pour sacrifier sa propre population », témoigne Eliezer Ushindi, un jeune du quartier visité.

Parmi les victimes de cette incursion, Jemima, 13 ans. Cette élève en 2ème année secondaire à l'Institut Saint Marc a reçu une balle pendant qu’elle était sous le toit paternel.

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Les membres de la famille de la petite Jemima, en chagrin après la mort de leur fille

« Elle était en train de tamiser la farine dans la cuisine. Nous, nous étions dehors. Nous avons entendu des coups de balle et nous avons fui dans la maison. Un enfant a été atteint par balle. Il n'y a eu aucune intervention. Les militaires sont restés à Chongo. Nous les avons dépassés là-bas en amenant l'enfant à l'hôpital. Pourtant, s'ils pouvaient avancer juste-là derrière la maison, ils allaient croiser ces bandits. Nous ne sommes pas en sécurité », témoigne la mère de Jemima, les larmes aux yeux, assise par terre, assistée d'autres femmes.

Devant le domicile familial, une autre femme affirme que le téléphone de son mari a été volé par les assaillants. Selon elle, les bourreaux s’exprimaient en kinyarwanda.

« Ils ont emporté le téléphone de mon mari qui était à la charge dans le kiosque dont ils ont tué le propriétaire. Chez moi, c'est non loin de là où ils ont tué le garçon. Le matin, j'ai appelé le numéro de mon mari. Ils ont décroché. Ils parlaient en kinyarwanda. Je leur ai dit que j'étais propriétaire du téléphone. Ils m'ont dit qu'ils savent où ils ont récupéré le téléphone. Ils m'ont promis qu'ils vont ramener le téléphone à minuit et je saurai en ce moment-là qui sont-ils », dit Rachel, habitante de Kilijiwe.

Les habitants de Turunga, à l'instar de ceux de Buhene qui ont connu des situations similaires il y a peu, exigent des autorités le renforcement des mesures de sécurité.

« Nous ne savons pas si nous vivons dans un État. Pourquoi quelqu'un doit mourir parce qu'il a ses 100 FC ? Que l'État nous vienne en aide. Nous souffrons beaucoup », témoigne également Kahindo Anita, tante maternelle d'une des personnes blessées dans l’attaque de Turunga.

Cette situation a soulevé la population. Jusqu'en début d'après-midi, les habitants en colère ont posé des barricades sur la route. La circulation est perturbée sur les axes Mutinga-Kilijiwe en passant par Majengo. Pas de circulation également sur l'axe Entrée président-Turunga. Ici, des manifestants se sont également servi des poteaux du courant de l'ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature) pour bloquer la route. Sur l'axe Signers-Mutinga, la situation était pareille l’avant-midi avant d’être rétablie.

Jonathan Kombi