RDC/Ebola urgence internationale : Peur, tristesse à Goma, … la population veut de nouvelles stratégies de riposte

Photo ACTUALITE.CD.

Après que le comité de règlement sanitaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré Ebola comme une urgence sanitaire internationale, c’est la peur à Goma où un premier cas a été confirmé dimanche dernier. Le cas est décédé le lendemain alors qu’il était transféré à Butembo pour une prise en charge.

« C'est avec tristesse et une grande peur que j'ai accueilli la nouvelle. En déclarant que la riposte contre Ebola devient une urgence de portée internationale signifie que les signaux sont au rouge. Surtout avec le cas qui a été détecté ici à Goma, la ville très encombrée avec près de 2 millions d'habitants, vous imaginez ce que peut faire une maladie comme Ebola. Ça risque de tuer même le 1/4 de la population », s’inquiète Simplice Banza, habitant à Goma.

97 cas contacts ont déjà été recensés à Goma après le décès de cas diagnostiqué positif. Les autorités sanitaires affirment que la vaccination de ces contacts s'organise et les recherches se poursuivent pour retrouver d'autres contacts du malade mort.  

Simplice Banza veut de nouvelles stratégies afin d’éviter la propagation de la maladie déclaré le 1 août 2018 dans la localité de Mangina, en territoire de Beni.

« Qu'ils définissent plutôt d'autres stratégies parce qu'à Beni cela a commencé comme ce qu'on vit à Goma. On avait déjà identifié un cas d'Ebola au niveau de Mangina, on est en train de stabiliser ça mais par après la maladie s'est vite propagée. C'est la même méthodologie qu'on veut développer à Goma. Je crois qu'il est temps que les autorités et toute la communauté internationale s'investissent davantage pour trouver des solutions rapides et plus efficaces », ajoute-t-il.  

Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 2.522, dont 2.428 confirmés et 94 probables. À la date du 17 juillet 2019, au total, il y a eu 1.698 décès (1.604 confirmés et 94 probables) et 717 personnes guéries. Selon le ministère de la santé, 374 cas suspects sont en cours d’investigation ; 10 nouveaux cas confirmés, dont 6 à Beni, 2 à Mabalako, 1 à Katwa et 1 à Mangurujipa.

« Des familles entières ont disparu à Beni et Butembo. Des cadenas ont été placés sur des portes des maisons. Je comprends que nous allons aussi périr à Goma. J'invite les habitants de Goma à ne pas être orgueilleux. Suivons les conseils des médecins sur des mesures d'hygiène. Tout celui qui sera orgueilleux, mourra. Mettons de côté l'orgueil. Que les autorités cessent de nous dire d'être calme et qu'il n'y a pas danger alors que nous voyons ce danger là en face de nous », s’emporte Anuarite Furaha, une ménagère.

Mardi, Dr Michel Yao, coordonnateur de riposte contre Ebola pour l'OMS au Nord-Kivu et en Ituri a indiqué qu'avec la contamination d'un cas positif d'Ebola à Goma, le risque de propagation de cette maladie est très élevé dans les provinces voisines mais aussi dans les pays voisins notamment le Rwanda et l'Ouganda.

« Depuis que j'ai appris que cette maladie est apparue au Nord-Kivu, j'avais placardé sur le mur de mon salon le dépliant de sensibilisation sur la prévention contre cette épidémie. Le lave-mains est placé devant la porte de la maison. Mes enfants savent qu'ils doivent se laver les mains régulièrement. Ils ne doivent pas saluer n'importe qui et manipuler n'importe quel animal », ajoute la ménagère.

Mardi, lors d’une réunion de crise avec la conférence des présidents de l'assemblée provinciale du Nord-Kivu, le gouverneur Carly Nzanzu a appelé les habitants de sa juridiction à observer strictement les mesures d’hygiène.

« Je pense qu'avec l'assiduité de nos médecins et des mesures qui sont en train d'être prises même au niveau international, le danger va être mis de côté. Il faut se laver les mains après tout contact. Chez moi les enfants sont instruits, ils sont au courant du danger. », témoigne Sabimana Gaby, un habitant de Goma.

Le ministère congolais de la santé publique a pris acte de la décision de l'OMS de déclarer l'épidémie d'Ebola qui frappe les provinces du Nord - Kivu et de l’Ituri comme une urgence sanitaire de portée mondiale. Dans un commentaire rendu public après la réunion du comité d'urgence de l'agence onusienne, le ministère de la santé a dit espérer que "cette décision n’est pas le résultat des nombreuses pressions de différents groupes de parties prenantes".

Jonathan Kombi