Sud-Kivu : L’armée accusée d’ériger un campement militaire dans la cour d’une école à Mboko

Les FARDC en patrouille dans la périphérie de Beni après des affrontements avec des miliciens Mai-Mai ce lundi 22 octobre 2018 (Photo Yassin Kombi/ACTUALITE.CD)

La nouvelle société civile accuse l'armée d’avoir érigé un campement militaire dans la cour de l’école primaire Tundwa dans la cité de Mboko, chef-lieu du secteur de Tanganyika en territoire de Fizi. Par cet acte, la société civile dénonce la « violation des droits de l’enfant » par l’armée.

Malenga Idi, directeur de l'EP Tundwa affirme que c’est depuis début juillet que les militaires se sont installés dans la cour scolaire pour les opérations dans le secteur de Tanganyika.

« Nous avons été surpris par la présence des militaires dans la cour scolaire. Quand nous leur avons posé la question, ils nous ont dit qu'ils étaient autorisés par le chef du village. Je suis même parti auprès du chef pour lui demander comment il peut autoriser aux militaires d'occuper le milieu scolaire, mais il m'a dit que personne ne l’a contacté pour demander l’autorisation », a dit à ACTUALITE.CD le directeur de l’école.

La nouvelle société civile juge inacceptable cette attitude de l’armée et l’appelle à respecter les dispositions légales en matière de protection de l’enfant.

« Nous dénonçons cet acte posé par les militaires parce que aucune lois congolaises ou internationales n’autorise l'installation de camp militaire dans le milieu scolaire car ça constitue un problème. Après leur départ, les militaires peuvent y laisser les effets qui peuvent être un grand danger pour nos enfants. C'est pourquoi nous exigeons la délocalisation immédiate de ce camp érigé », a fustigé Koko Babu, le président de la nouvelle société civile du secteur de Tanganyika.

L’armée reconnaît la faute et annonce le départ des soldats de cet endroit réservé à l’éducation des enfants.

« Nous condamnons aussi la décision de ces militaires qui se sont installés à cet endroit, chose interdite. Nous travaillons pour la protection des lois, nous ne pouvons faire une chose et son contraire. C'est pourquoi le commandant secteur vient de donner l'ordre pour leur déguerpissement immédiat et leur commandant est interpellé par la hiérarchie pour répondre de cet acte de violation », a expliqué le capitaine Dieudonné Kasereka, porte-parole de l’opération sokola 2 sud au Sud-Kivu.

Dans le territoire de Fizi, l’armée mène une vaste offensive contre les groupes armés locaux et étrangers. Les violences se sont intensifiées depuis mai dernier dans la région entre les communautés locales Bembe, Nyindu, Mulenge et Fuliro après le meurtre par balle d’un chef coutumier. Ces violences ont déjà fait plusieurs dizaines de morts et plus de 25 000 déplacés dans les territoires de Fizi et Mwenga, d’après la société civile. Plusieurs villages ont été incendiés, des écoles détruites et des hôpitaux pillés. Depuis, un nouveau commandant, le colonel Honoré Katembo, a été installé sur place avec comme mission de stabiliser et sécuriser cette partie du pays.

Lubunga Lavoix