En Ituri, le gouverneur Jean Bamanisa a procédé lundi 8 juillet à la permutation des administrateurs des territoires Djugu et Mahagi. La raison de cette double permutation n’a pas été donnée. Alingi Kuba quitte Mahagi pour Djugu tandis que Alfred Bongwangela qui trônait à Djugu remplace M. Kuba à la tête de Mahagi frontalier avec l’Ouganda.
Les violences armées qui sévissent à Djugu ont également touché Mahagi, où la société civile avait dénombré en mai dernier au moins 40 personnes tuées dans la chefferie de Mokambo. Tout porte à croire que le chef de l’exécutif provincial a agi pour raison d’efficacité.
« C'est vrai Djugu est un territoire compliqué mais je vais apporter ma contribution, je vais travailler comme un soldat avec l'appui de tout le monde. C’est une occasion pour moi d'appeler la population de ma juridiction à une franche collaboration », a dit Alingi Kuba.
La remise et reprise est déjà faite à la tête de ces entités. Mais l’ancien député Dudanga Kavarios qui encourage cette initiative souhaite qu’elle soit élargie également aux autorités sécuritaires. « Je crois qu’il faut procéder à la permutation voire même à la relève de toutes les autorités sécuritaires tant décriées », a-t-il dit.
Contexte
Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités de Djugu et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi.
Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour sa part, l’existence d’une « secte mystico-religieux » dénommée CODECO encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé ce jeudi 27 juin la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago, après deux jours d’intenses combats dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ».
Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.
Franck Asante