Félix Tshisekedi qui a récemment ordonné la libération des quelques prisonniers politiques et d’opinions se dit « incertain » sur la relaxation éventuelle d’Eddy Kapend, l’officier condamné à mort en 2003 par l’ex Cour d’ordre militaire dans l’affaire de meurtre de l’ancien président de la république Laurent Désiré Kabila.
« Je ne sais pas s’il est libérable. Laissez-moi suivre ce dossier vu la peine de perpétuité », a-t-il dit au cours d’une conférence de presse ce mardi 2019 à Bunia où il a séjourné pendant trois jours.
Plusieurs ONGDH dont la Voix des Sans Voix (VSV) ont exigé la libération de cet officier et ses coaccusés ou alors la réouverture de leur procès.
« La VSV saisit cette occasion pour rappeler le cas d’autres condamnés qui continuent à croupir à la Prison Centrale de Makala et qui courent également le risque de trouver la mort entre les mains de l’Etat congolais s’ils ne bénéficiaient d’aucune mesure de grâce présidentielle dans le cadre des mesures de décrispation politique et d’une vraie réconciliation nationale. Il s’agit de : Condamnés à mort : Mutindo Kitambala, Eddy Kapend, Itongwa Ngirinda, Yav Ditend, John Bonpengo, Mukanirwa Jojo, Leta Mangasa Georges, Nono Lutula, Jean Chiribangula, Murhanzi Fils, Kibonge Mulumba, Amisi Bakuka », disait la VSV en avril 2017 alors que le colonel Gordon Kunda Ntalabo, un des condamnés dans cette affaire mourrait à la prison de Makala.
Contexte
Cette rencontre avec la presse nationale et internationale intervient trois jours après l'arrivée de Félix Tshisekedi en Ituri. Pendant son séjour, il a rencontré les responsables provinciaux et locaux. Il a tenu une réunion du comité provincial de sécurité en présence notamment des commandements des Forces armées de la RDC (FARDC), de la Police Nationale Congolaise (PNC) et de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Il s’est également adressé à la population de Bunia à travers un meeting. Il a prêché l’amour entre ituriens et annoncé son implication pour le retour de la paix. Félix Tshisekedi s’est également rendu la veille à Djugu où il a promis également que l’armée restera dans cette zone jusqu’au rétablissement total de la paix.
Les violences armées ont resurgi en avril dernier dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo en territoire de Mahagi.
Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé pour sa part, l’existence d’un secte mystico-religieux dénommée CODECO encourageant les violences qui ont déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens situé dans la forêt Wago dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ».
Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes arrivés à Bunia étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences depuis début juin dans les territoires de Djugu et Mahagi.