RDC : "Plus d'une centaine de morts" en 5 jours dans des violences en Ituri ( Sté civile)

Un prêtre congolais lors d’une séance de prières dans un camp de déplacés à Bunia, le 27 février 2018.

 

Plus d'une centaine de personnes sont mortes en moins d'une semaine lors des violences à caractère ethnique , qui ont ensanglanté le territoire de Dgugu , au nord de la ville de Bunia, chef - lieu de la province de l'Ituri, a affirmé la société civile.

 

"A la phase actuelle , les choses semblent se dégrader davantage, pour la semaine qui a commencé depuis le lundi jusqu'aujourd'hui on a déjà enregistré  plus d'une centaine de morts. C'est assez grave", a déclaré à ACTUALITE.CD , le président de la société civile de l'Ituri Jean - Bosco Lalo , se demandant "si l'Etat existe encore" en République démocratique du Congo.

Des villages "rasés" et des récoltes abandonnées   

 "Il y a des villages qui ont été rasés , d'autres carrément incendiés" dans le territoire de Djugu, a affirmé le même responsable.  Dans cette région riche en or et pétrole, des villageois ont été contraints d'abandonner leurs champs en cette période consacrée aux récoltes des "haricots", aliment de base dans la région.

"Ils se sont concentrés vers Largu , vers Bule et Fataki . Mêmes ces trois centres sont sous menace des assaillants qui attaquent", a indiqué Lalo.   

"On se demande si l'Etat veut que les personnes se livrent aux batailles entre eux - mêmes", s'est -il emporté, soutenant dans la foulée que les forces armées de la RDC (FARDC) "sont limités" dans la riposte aux assaillants.

Risque d'une "guerre interethnique"  

Sans décliner l'identité réelle des assaillants,  le président de la société civile de l'Ituri, a affirmé qu'ils proviennent des villages occupés par des "Lendus".  Ces derniers n'ont jamais revendiqué ces exactions.  La même version est soutenue par l'armée aux prises avec les assaillants depuis février dernier.

"Il y a une seule partie qui attaque. Il y a la communauté Hema qui pratiquement fui , même les Alur qui ont été attaqués vers Mahagi ont fui sans résister", a ajouté Lalo.

Mais , prévient - il : "demain quand tout le va résister , je pense que les dégâts seront plus importants et là, on parlera d'une guerre interethnique".

A ce stade , a-t-il précisé : "il n'y a pas encore d'affrontements intercommunautaires".  Beaucoup de villageois ont été tués pendant qu'ils cherchaient à manger , dans leurs coins de retranchements, d'après la même source.

Si l'Etat ne fournit pas assez d'efforts, "les personnes qui insécurisent les autres , eux - mêmes seront en insécurisé. Car ces personnes insécurisées finiront par  s'organiser ,chercher des voies et moyens pour résister et se défendre, et on comptera plus de morts qu'aujourd'hui", a déclaré le chef des forces vives de l'Ituri.

Une main noire 

Dénonçant les tueries qui se commettent en Ituri, l'opposant Martin Fayulu autoproclamé "président élu", a affirmé , via son compte Twitter q"une main noire opère en Ituri pour affaiblir nos communautés et ainsi opérer en toute quiétude.".

"Ces sorciers et jeteurs des mauvais sorts veulent cogner les têtes des communautés pour que comme dans les championnats espagnols , tout le monde se batte contre tous le monde", a déclaré , dans un message écrit, Me David Mokli Mungunuti, directeur du collectif "sauvons le Congo".

L'origine de ces tueries est incertaine. Des violences avaient déjà éclaté dans la province de l'Ituri (fin 2017-début 2018) entraînant des mouvements de population vers l'Ouganda , passant par le lac Albert.

 

Christine Tshibuyi