RDC : Des officiers accusés d'affairisme et de détournement des rations militaires en Ituri

Les militaires déployés lors d'une manifestation de la population à Kindu.

Alors que la province de l’Ituri connaît un regain d’insécurité en raison de fortes activités des groupes armés dans les territoires de Djugu, Mahagi et Irumu, les allégations de détournement des rations militaires et d’affairisme sont imputées aux officiers déployés dans cette partie du pays.

Sans citer nommément les officiers indexés, le député Gracien Iracan déclarait la semaine dernière : « Il y a des officiers qui sont en train de ternir l'image des FARDC dans le sens où ils font des business, ils font le trafic des munitions d'armes, ils sont en train de livrer ces armes aux assaillants. Il y a des officiers qui sont en train de faire du commerce de minerais, ce qui va à l'encontre de leur mission sur le terrain. Imaginez un général, un officier sur le terrain roule à bord d’une jeep Hummer qui coûte 100 000 $ mais, lui, a un salaire de moins de 1 000 $ ».

M. Iracan, élu de la ville de Bunia, conduisait une délégation des députés de sa province auprès de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, pour faire part de leur indignation suite aux attaques armées contre ses civils qui ont fait plus de 30 morts pour le seul mois de mai, dans le territoire de Mahagi, d’après un décompte de la société civile.

En janvier dernier, les services de sécurité avaient intercepté 22 colis d’or au marché d’AME du territoire de Mahagi, à la frontière avec l’Ouganda. Ces minerais étaient convoyés par deux Ougandais et deux Congolais, escortés par deux militaires des FARDC, avait indiqué à ACTUALITE.CD Déogratias Ombalia, ministre des Mines en Ituri.

Détournement des rations militaires

« Il y a, par exemple, des rations alimentaires qui n'arrivent pas au front et la population est parfois obligée de payer des taxes aux barrières érigées par des militaires qui rançonnent les civils pour pouvoir vivre. Il y a des centres où des commerçants font des collectes de fonds de 30 000, 40 000 $ et les remettent aux officiers militaires pour pouvoir subvenir aux besoins de l'armée », avait ajouté le député Iracan.

L’armée qui ne réfute pas l’allégation d’affairisme plaide pour une enquête conjointe avec les parlementaires. Elle rejette, en revanche, le détournement des rations des soldats.

« La loi est claire en cette matière lorsqu’un militaire viole sa mission traditionnelle pour autre chose, la discipline militaire n'épargne personne quel que soit votre grade. Il faut enquêter même avec le député national pour rétablir l'équité. Le cas contraire, je n'ai aucun commentaire. Mais au moins nous disons que l'armée n'est pas perceptrice de taxe, dans l’armée il est interdit de faire le commerce. Aussi dire qu’il y a des cotisations qui se font pour nourrir les militaires, nous disons que c'est faux et archifaux. Le ministère de la Défense par l'état-major général a pris soin de nourrir ses hommes engagés dans les opérations », a déclaré vendredi à ACTUALITE.CD le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole militaire en Ituri.

Le chef d’état-major général adjoint des FARDC en charge des opérations et renseignements, le lieutenant-général Gabriel Amisi séjourne actuellement en Ituri dans le cadre d’une mission « d’instruction ». L’Ituri, qui fait partie de la 3ème zone de défense, est confronté à l’activisme des groupes armés dans les territoires de Djugu, Mahagi et Irumu.

Patrick Maki